La récente visite des entrepreneurs français du groupe Ipromat spécialisé dans les nouvelles technologies du bâtiment, basé à Saint Etienne, a déçu leurs homologues algériens. C'est dans une sorte de rencontre promotionnelle des produits français que ce groupe avait été reçu au siège de la Chambre de commerce et d'industrie Seybouse de Annaba (CCI). La déception des Algériens se reflète dans la déclaration de A. Lahmar, un des 1300 entrepreneurs du bâtiment de la région de Annaba, qui a affirmé : « Après plusieurs années d'absence, les Français se sont curieusement rappelés que le marché algérien du bâtiment est très porteur. Il y a de quoi, quand on sait que sur instruction du président Abdelaziz Bouteflika, un million de logements seront réalisés en cinq ans. Ce qui représente une réelle opportunité pour les Français. Ils sont venus à Annaba avec à l'esprit l'expérience des 500 000 logements prévus par le plan Borloo à réaliser en France durant le même nombre d'années. Ce plan porte également sur la création de 1 257 000 postes de travail. » Les chefs d'entreprise français ont présenté des exposés promotionnels sur les bétonnières, les éviers inox, la fonte de voirie, les peintures, la dalle de sol, la faïence, les étagères... made in France. En les recevant, les Algériens s'attendaient à discuter avec leurs homologues français sur des opportunités de partenariat et d'échange. Or il s'est avéré que les Français d'Ipromat ne faisaient que répondre à l'annonce de la mise en route du programme quinquennal algérien de réalisation sur cinq ans d'un million de logements. « Ce programme nécessitera le recours aux opérateurs étrangers. Il devrait servir de tremplin pour des opérations de partenariat. Nous avons besoin du savoir-faire des étrangers, de leurs nouvelles technologies et de rond à béton à des prix abordables. De 2000 DA/q en décembre 2003, ce matériau est aujourd'hui à 4000 DA chez nous et à 26 dollars sur le marché mondial », a précisé notre interlocuteur. « J'étais venu pour discuter partenariat. Aussitôt la séance de travail ouverte, j'ai été étonné de relever que nos homologues français étaient uniquement intéressés par la vente de leurs produits », a indiqué Abderahmane T., gérant d'entreprise du bâtiment à El Tarf. Ses propos sont approuvés par un autre entrepreneur tout corps d'état : « Pour pouvoir réaliser dans les délais impartis ce programme, nous aurions aimé bénéficier de l'expérience des Français dans l'application de la démarche de l'Union sociale pour l'habitat (USH) avec laquelle l'Etat français a signé une convention pour la réalisation du programme Borloo. » Comme pour montrer à leurs hôtes leur détermination à décrocher la plus grande partie des parts du marché algérien, les entrepreneurs stéphanois agissaient en terrain conquis, eux qui, en matière d'investissements et de délocalisation d'activités, préfèrent d'autres pays. En tout état de cause, de l'avis de la plupart des opérateurs économiques algériens ayant participé à la rencontre, la mission à Annaba du groupe d'Ipromat ne correspond pas à celle attendue par les adhérents de la CCI Seybouse. Déjà, à l'ouverture de la rencontre, un des intervenants français avait clairement annoncé : « Notre groupe Ipromat est composé de 20 fabricants de matériaux du bâtiment et de l'industrie. Nous nous sommes déplacés dans le cadre de l'application d'un projet commercial axé sur le Maghreb avec priorité pour l'Algérie. Toutes les entreprises d'Ipromat sont européennes. Elles proposent des produits complémentaires crédibles à l'exportation. Ces entreprises exportent déjà dans plus de vingt pays. Plus d'une dizaine d'entre elles sont leaders sur le marché français ou européen. » Ainsi annoncée, la rencontre sur laquelle les entrepreneurs algériens avaient placé tant d'espoirs sur des opportunités de partenariat a tourné en queue de poisson. Les Français ayant révélé qu'ils n'étaient pas encore disposés à investir en Algérie, leurs homologues algériens ont préféré partir quelques minutes après leur arrivée.