La France pousse un grand soupir de soulagement. Le père Noël est arrivé avec 48 heures d'avance. Dans sa hotte, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, nos deux confrères français, pris en otages depuis 4 mois par l'Armée islamique en Irak. C'est le président de la République en personne, Jacques Chirac, qui devait les accueillir à leur descente d'avion à la base militaire de Villacoublay, dans la grande banlieue parisienne. Jacques Chirac a écourté son séjour à Marrakech pour être présent à cet événement. « Leur libération, nous la devons à la mobilisation et à l'unité de tous les Français auxquels je veux rendre hommage. Nous la devons à la force avec laquelle la nation s'est rassemblée, dans sa diversité, pour affirmer sa cohésion, sa solidarité et ses valeurs. Nous la devons à l'action responsable et tenace du gouvernement et de l'ensemble des services qui se sont mobilisés avec dévouement et efficacité », a déclaré le président français, tôt dans la journée. Christian Chesnot et Georges Malbrunot ont quitté Baghdad hier matin et ont fait escale à Chypre où le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, a tenu à poursuivre le voyage avec eux à bord d'un avion affrété par l'Armée de l'air française. Les premières interrogations concernant les conditions de la libération des deux journalistes commencent à poindre après l'euphorie des premières heures. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a préféré couper court à la polémique en affirmant que la France n'avait pas versé de rançon et que les ravisseurs n'en avaient jamais demandé. Les dirigeants politiques se sont refusés à toute polémique et ont, unanimement, salué la libération des deux journalistes. Pour François Hollande, secrétaire général du Parti socialiste, « le temps des explications viendra ». Plus tard. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin se félicite de la politique de la France au Moyen-Orient, à qui il attribue cette libération : « Il y a là vraiment pour nous une satisfaction grande d'être aujourd'hui en mesure de voir que cette ligne de la France, cette amitié de la France pour le peuple irakien, a été ainsi reconnue par la libération de nos deux compatriotes. » L'Armée islamique en Irak avait expliqué son geste par le fait que nos deux confrères ne sont pas des espions à la solde des Américains et que la politique étrangère française était juste. Les médias français ont consacré de larges espaces à cette libération. Les chaînes de télévision et les radios suivent minute par minute le déroulement de cette opération. Des flashs spéciaux ponctuent l'arrivée de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot. La presse écrite avait emboîté le pas en réservant la une et plusieurs pages à l'événement. Les éditorialistes ne cachent pas leur joie et insistent, eux aussi, sur les conditions de cette libération. Le temps des explications arrivera vite, très vite. Après l'euphorie.