La lecture de la loi des finances est toujours intéressante. D'abord, derrière ces chiffres bruts et vertigineux, il y a l'ordre des priorités du moment. Premier budget encore cette année, celui de la Défense, 27 fois supérieur à celui de la Culture, ou celui de l'Intérieur, 20 fois supérieur à celui de la Jeunesse et des Sports. C'est probablement pour cette raison qu'il y a plus de casernes en Algérie que de bibliothèques et plus de barrages en ville que de médailles aux Jeux olympiques. C'est dans l'ordre des choses, souhaitons simplement que l'Intérieur et la Défense, avec près de 8 milliards d'euros, vont pouvoir lutter efficacement contre le terrorisme et que nous n'aurons plus à entendre M. Zerhouni expliquer qu'il est très facile de mettre des bombes, car cela implique que les budgets ne servent à rien pour les contrer. Ensuite, la lecture de la loi de finances renseigne sur l'état d'esprit général. Autre exemple, si tous les secteurs ont vu leur enveloppe augmenter à l'image du ministère des Moudjahidine ou de la Santé, deux secteurs ont vu leur budget baisser, ceux des Transports et du Travail. Deuxième conclusion provisoire, il y a de plus en plus d'anciens moudjahidine et de nouveaux malades, et de moins en moins de problèmes de travail et de transport. On voit bien ici que la loi de finances peut être lue comme on veut mais parce que à la base, toute cette construction est irréelle, une colonne de budgets accolés à des ministères ne voulant pas dire grand-chose. Il suffit qu'à New York ou Londres, le prix du baril de pétrole baisse pour revoir toute sa copie à Alger et réécrire entièrement la loi de finances. Il y a quelques mois, Chakib Khelil prévoyait un pétrole à 200 dollars. Il est aujourd'hui en train de baisser et vient de passer sous les 80 dollars. Si si, Chakib Khelil est le ministre de l'Energie. 18.516.354.000 DA.