« Les responsables des entreprises (publiques ou privées) refusent pour l'essentiel de s'assoir avec les directeurs de l'ANEM autour d'une table pour discuter sur la manière de faire appliquer la loi concernant le recrutement des jeunes en quête d'emploi. » Des dizaines de jeunes chômeurs se rendent quotidiennement au siège de la direction de l'inspection du travail pour enregistrer l'infraction au code du travail dont ils sont victimes. C'est à cette institution étatique que revient la mission de transmettre au juge des affaires sociales le type d'infraction pour son enrôlement, apprend-on de source proche de l'inspection du travail. Cette situation est particulièrement générée par la non application de la loi 04-19 en date du 25 décembre 2004, relative aux informations à transmettre aux agences de recrutement habilitées. Selon notre source, l'employeur contrevenant aux dispositions de cette loi est généralement puni d'une amende de 10 000 à 30 000 dinars pour tout recrutement effectué ou besoin en main d'œuvre non transmis aux agences de l'ANEM. Ainsi, 100 000 demandes d'emploi qui sont annuellement traitées par les différents services compétents butent foncièrement sur le non respect de la loi en matière de recrutement. En fait, les carences sont nombreuses et nécessitent un traitement de « choc », affirment pour leur part des responsables d'agences de recrutement. « C'est toute la politique de l'offre et de la demande d'emploi qui est ainsi remise en question eu égard au non respect des dispositions réglementant le recrutement des jeunes chômeurs », affirme un responsable d'une agence de l'Anem. A titre illustratif, nous apprenons que sur 14.733 demandes d'emploi enregistrées durant le premier semestre 2008, seules 4730 demandes d'emploi ont été satisfaites, un constat qui renseigne sur l'ampleur des dégâts provoqués par la non application de la loi précitée. PRATIQUE REDHIBITOIRE Dans un autre registre, les agences de recrutement privées qui font dans la sous-traitance de la main d'œuvre leur fer de lance, prélèvent un pourcentage conséquent sur chaque dossier traité. Cette situation qui pénalise les jeunes à la recherche de travail est pourtant répréhensible car enfreignant les dispositions contenus dans la loi 04-19. « Le ministère de tutelle qui condamne fermement cette pratique rédhibitoire, conditionne toutefois l'attribution des agréments aux organismes privés qui doivent impérativement passer une convention avec l'agence national de l'emploi (Anem) », indique un responsable au niveau de la wilaya d'Oran. C'est aussi l'avis des responsables locaux en charge de l'emploi lesquels mettent cet état de fait sur le compte des employeurs publics et privés qui ne respectent pas les modalités en matière de recrutement. Un responsable local de la l'APC d'Es-Sénia déplore l'attitude affichée par les chefs d'entreprise implantés dans de la zone industrielle. « Les responsables des entreprises (publiques ou privées) refusent pour l'essentiel de s'assoir avec nous autour d'une table pour discuter sur la manière de faire appliquer la loi concernant le recrutement des jeunes en quête d'emploi. C'est une politique délétère qui pourrait avoir de graves conséquences sur la population inactive », soutient notre interlocuteur. Et d'ajouter : « Les jeunes chômeurs rejettent sur nous la responsabilité du chômage et n'hésitent pas à monter au créneau pour réclamer du travail. C'est une démarche fort légitime. Mais nous sommes suspendus au bon vouloir des entreprises qui daignent recruter les jeunes sans travail, à condition qu'elles respectent les dispositifs de la loi 04-19 qui est pourtant en vigueur depuis décembre 2005 mais qui est foulée aux pieds », lâche, excédé, notre interlocuteur.