Le recrutement et le placement des travailleurs (chômeurs et les jeunes arrivant sur le marché du travail) ont toujours été du ressort du secteur public. L'Office national de la main-d'œuvre (Onamo), créé en 1963 et ensuite l'Agence nationale de l'emploi (Anem) qui lui a succédé, ont géré tant bien que mal ce secteur. Les nouveaux textes ne confèrent plus à l'Anem le statut de la Fonction publique ; elle sera désormais considérée comme établissement économique et pourra à ce titre demander des honoraires aux recruteurs qui s'adressent à ses agences. Certes, l'Onamo et ensuite l'Anem n'avaient qu'un rôle d'intermédiation entre les demandeurs d'emploi et les recruteurs, mais toujours est-il qu'elles ne sont jamais parvenues à couvrir 100% des embauches : mieux encore, l'écrasante majorité des recrutements se faisait directement par les offreurs de postes. La loi 09/19 votée par l'APN en décembre 2004 devait entrer en vigueur en 2005, mais les scandales liés à certaines agences privées de l'emploi, qui recrutaient notamment pour le entreprises pétrolières, ont conduit de facto au report d'une année de la date d'application des nouveaux textes. L'ouverture du secteur à la concurrence privée vient en application des recommandations de l'Organisation internationale du travail (OIT). Invité à la réunion avec la presse organisée hier au siège algérois de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, M. Anane Saïd, directeur général de l'emploi et de l'insertion au ministère de la Solidarité et de l'Emploi, a rappelé les différents dispositifs actuellement en vigueur en faveur de l'emploi. Il affirmera à ce sujet que les pouvoirs publics ont réussi à faire baisser le taux du chômage qui n'est actuellement que de 12,5%. “Les mécanismes de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej), de l'Agence nationale de la gestion du microcrédit (Angem) et les dispositions de la Caisse nationale d'assurance-chômage (Cnac) en faveur des demandeurs d'emploi âgés entre 35 et 50 ans ont permis de générer un nombre important de postes de travail”, explique M. Anane. En faisant l'historique du secteur en Algérie, il mettra l'accent sur la prolifération des agences publiques de recrutement et de placement dans les régions montagneuses pourvoyeuses d'émigration durant les premières années de l'indépendance. “Les choses ont évolué depuis, et les pouvoirs publics ont arrêté des programmes ambitieux en faveur notamment des Hauts-Plateaux et du sud du pays. Des moyens colossaux sont engagés pour diminuer les écarts qui existent entre ces régions et le nord du pays en matière de l'emploi. Selon les prévisions, d'ici 2009, ces écarts seront revus à la baisse”, ajoute le même interlocuteur. Revenant sur l'ouverture du secteur aux investisseurs privés, il tiendra à relever que cela ne se fera nullement au détriment des demandeurs d'emploi : “L'inscription des chômeurs et demandeurs d'emploi se fera à titre gracieux dans les agences de l'Anem ou dans les bureaux privés. Ces derniers seront autorisés à demander des honoraires aux seuls recruteurs.” M. Anane révèle aussi “dès que la loi sera publiée dans le Journal officiel, il ne sera plus possible aux entreprises de recruter directement. Elles seront tenues de passer par des agences publiques ou privées. Cela démocratisera le recrutement et chacun aura une chance de trouver un emploi”. Il estimera enfin qu'“en Algérie, toutes les ségrégations à l'emploi sont proscrites. Nous encourageons par contre le recrutement des femmes, des handicapés et des jeunes. Justement les entreprises qui embauchent les handicapés auront droit à des abattements fiscaux avantageux”. Invité lui aussi aux travaux de cette réunion, M. Mohamed El-Ouahdoudi, directeur général de la société Salon international du recrutement d'Alger (Sira), a tenu à mettre l'accent sur l'importance de la gestion des ressources humaines dans toute politique de développement économique. “Nous avons déjà organisé deux salons dédiés au monde du recrutement et du placement des travailleurs, nous sommes fin prêts quant à la prochaine édition qui se tiendra les 17 et 18 juin 2006 à la Safex aux Pins-Maritimes à Mohammadia. Plusieurs sociétés ont d'ores et déjà confirmé leur participation”, déclare le directeur général de la Sira. Les nouveaux textes qui entreront en vigueur prochainement seront-ils à même de réguler de manière transparente le secteur du recrutement et du placement des travailleurs, d'autant que le chômage est le premier fléau dont souffrent les jeunes ? SaId Ibrahim