Les prisons françaises sont « un lieu de recrutement privilégié pour les islamistes radicaux », a souligné la ministre de l'Intérieur dans une interview, jeudi, au Figaro, indiquant qu'elle vient de proposer à ses homologues européens d' « élaborer un manuel sur l'islamisme en milieu carcéral, pour mieux informer les professionnels de la sécurité sur la façon de détecter et d'empêcher ce type de recrutement ». Paris : De notre bureau Un séminaire européen sur la « radicalisation islamiste dans les prisons » se tiendra le 30 septembre en France, dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne (UE). « Certains quartiers sensibles dans nos banlieues restent également des cibles de choix pour les activistes salafistes. Les jeunes sont ensuite envoyés en formation théologique en terre d'Islam, pris en charge dans des écoles coraniques, comme les madrasas du Pakistan, d'Egypte ou du Yémen », a ajouté la ministre de l'Intérieur. « Les services français ont établi que des Français se rendent aujourd'hui dans la zone pakistano-afghane pour y recevoir enseignement et entraînement. Une information confirmée par plusieurs agences de renseignement européennes ou extra-européennes », a affirmé Michèle Alliot-Marie… Plus que la filière irakienne, « les filières pakistano-afghanes se sont indéniablement renforcées. Aujourd'hui, les lieux d'endoctrinement et d'entraînement se concentrent à nouveau sur cette zone »… « Au-delà de la résurgence de cette filière pakistano-afghane, nous sommes également intervenus à plusieurs reprises au cours de l'année pour mettre fin à l'existence de groupuscules en lien avec Al Qaïda au Maghreb islamique sur notre propre territoire. Ainsi, des membres présumés d'un groupe terroriste d'Asie centrale ont été récemment arrêtés à Mulhouse, alors qu'ils envoyaient de l'argent et du matériel pour le djihad. À Toulouse et dans l'est de la France, des extrémistes ont été interpellés alors qu'ils soutenaient des entraînements paramilitaires », a ajouté la ministre de l'Intérieur. Concernant l'évolution d'al Qaïda, « d'une organisation centralisée, on est passé à une myriade de réseaux autonomes, puis ces dernières années à des regroupements autour de mouvements comme l'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien, rebaptisé Al Qaïda au Maghreb islamique. AQMI menace aujourd'hui les intérêts français dans tout le Maghreb et son influence s'étend au Sahel. Un danger d'autant plus important que les terroristes ont changé de tactique ». En matière de prévention, Michèle Alliot-Marie estime qu' « il est essentiel d'intensifier le contrôle aux frontières pour repérer les réseaux ou les terroristes qui tentent de pénétrer dans notre pays. Pour cinq pays à risque, comme le Pakistan ou le Yémen, nous nous faisons communiquer, en accord avec les compagnies aériennes, les noms, les prénoms, les dates de départ et d'arrivée de passagers signalés dangereux. Nous voulons étendre cette veille à d'autres pays et aux vols avec escale, ce qui interdirait par exemple de passer par la Suisse en venant du Pakistan pour brouiller les pistes. Enfin, nous souhaiterions savoir si les passagers visés voyagent seuls ou accompagnés. C'est important pour prévenir les détournements d'avions. »