Généralement, ce sont les scientifiques et les religieux qui s'opposent sur la création de l'homme, sur le progrès, le cancer ou la cuisine, et bien sûr, à propos de la date de l'Aïd. Mais en Algérie, terre de fitna multidirectionnelle, même les scientifiques ne sont pas d'accord entre eux. Pour l'association scientifique Sirius, la fin du Ramadhan sera le mercredi 1er octobre. Pour l'association scientifique El Bouraq, ce sera le mardi 29 septembre. Etrangement, les deux associations affirment se baser sur des calculs astronomiques et pour une fois, les religieux ne se sont pas prononcé, attendant comme chaque mois que quelqu'un de connu possédant un téléphone portable voie lui-même un bout de nouvelle lune. Non, ce sont les scientifiques qui se livrent à une querelle profane sur la fin du mois sacré. S'il est vrai qu'avec un nom comme El Bouraq, on pourrait croire que cette association est plus proche de la théologie que de l'astronomie, mais le mois lunaire reste un véritable casse-tête puisqu'il induit un calendrier qui change chaque année par rapport aux saisons naturelles et crée des décalages permanents entre les pays musulmans. Avant l'Islam, les Arabes ajoutaient un mois intercalaire tous les 3 ans pour compenser la perte annuelle de 10 jours sur le Soleil, 3x10 jours donnant un mois. Ce mois a été supprimé, rendant le problème complexe et laissant le monde musulman dans une approximation permanente pour prendre rendez-vous avec l'histoire, un jour précis du calendrier. Il y a 50 ans, les Américains sont montés sur la lune pour voir d'eux-mêmes. Aujourd'hui encore, les musulmans continuent à la regarder en se disputant pour savoir dans quel sens il faut la prendre. Choual en octobre ou en septembre ? Qui a raison, Sirius ou El Bouraq ? Hélas, ce sont les Occidentaux encore une fois. Chez eux, la fin du Ramadhan c'est tous les jours.