Jeudi 1er juillet 2004, 18h30. Marlon Brando meurt à 80 ans à l'hôpital de l'université de Californie. Ruiné, endetté, il finit sa vie dans un modeste bungalow aux rideaux dépareillés, sur Mulholland Drive à Los Angeles. Né à Omaha, il débarque à New York un jour de 1949, suit les cours de l'Actor's Studio et en devient le symbole. Il y rencontre Elia Kazan, un jeune dramaturge qui va devenir son mentor. Triomphe sur les planches de Broadway dans I Remember Mama et surtout Un Tramway nommé désir écrit et dirigé par Kazan. Les portes d'Hollywood et du monde du cinéma s'ouvrent. Premier rôle dans C'était des hommes de Fred Zimmerman (1950) suivi de la version cinéma d'Un Tramway nommé désir. Il affronte Vivien Leigh. Le duo fait des étincelles. Brando est sacré star. Il développe une nouvelle façon d'interpréter les rôles, basée sur l'improvisation et l'oubli du scénario originel pour un approfondissement psychologique du personnage jusqu'à l'excès. Il en souffrira. Mais il influencera de manière décisive les meilleurs comédiens de la génération suivante, Al Pacino, Jack Nicholson, Robert De Niro. Archétype du mâle sexy, Brando crée les modes. Il est la naissance cinématographique du tee-shirt blanc moulant, jusqu'ici considéré comme un dessous masculin intime. Les fifties seront ses plus belles années avec L'Equipée Sauvage, Sur les Quais ( premier oscar en 1954), Jules César, Viva Zapata. Son aura pâlit dès le début des années 1960. Avant Le Parrain (1973). Ce n'est pas le come-back qui est fracassant, c'est la métamorphose. Grimé, avec du coton dans la bouche, il se présente devant les producteurs du film que doit tourner un jeune et talentueux réalisateur Francis Ford Coppola. Ils ignorent qui se cache derrière le maquillage, ce n'est pas Marlon Brando devant eux mais « Le Parrain ». Son travail dans le film (gestuel et vocal surtout) deviendra un exemple pour l'ensemble de la génération qui vient. Il s'inscrit en père géniteur du cinéma de demain. Avec Le Parrain, Marlon Brando, icône visuelle des fifties, se transforme en idole cinématographique. Sa vie familiale, quant à elle, est mouvementée et tragique. Une dizaine d'enfants, issus de plusieurs mariages et relations. Vivant sur Mulholland Drive à Los Angeles, celui qui était considéré comme l'un des plus grands acteurs qu'Hollywood ait connus, ressemblait de plus en plus au personnage désespéré du colonel Kurtz perdu dans la jungle vietnamienne qu'il avait interprété dans Apocalypse Now.