Le débat sur la crise financière internationale et l'impact qu'elle pourrait avoir sur l'Algérie continue de susciter la réaction des experts. Dans une contribution publiée hier dans Le Quotidien d'Oran, Mourad Benachenhou, économiste et ancien ministre de l'Economie, analyse cette crise et s'interroge sur les conséquences qui peuvent en être attendues sur l'économie algérienne. D'emblée, il rejette l'idée selon laquelle l'Algérie est épargnée par cette crise du fait que les obligations du Trésor américain détenues par l'Algérie sont sécurisées, comme l'a affirmé la semaine dernière le gouverneur de la Banque d'Algérie. Ce dernier n'a pas manqué de défendre la gestion prudente des réserves de change en affirmant que « la conduite de la diversification des devises de placement (de l'Algérie) corrélativement à la poursuite d'une gestion prudente des réserves, en termes de niveau de risques inhérents aux instruments de placement, a permis à la Banque d'Algérie de faire face, dans une grande mesure, aux turbulences sur les marchés financiers internationaux ». Rien de sûr, selon M. Benachenhou : « Le cataclysme financier n'en est, en fait, qu'à ses débuts et, comme le montre le cafouillage actuel dans les mesures prises ça et là par les autorités politiques et financières de différents pays industrialisés, nul ne peut prédire comment la crise évoluera. » Pour lui, la dévaluation du dollar américain va infliger de lourdes pertes à l'économie algérienne. Tout en affirmant que « la principale monnaie de réserve mondiale connaîtra des jours difficiles dans les années à venir », l'ancien ministre précise que « l'Algérie continuera à subir la détérioration du pouvoir d'achat du dollar, d'autant plus que ses importations proviennent à plus de 80% de pays utilisant d'autres monnaies que le dollar pour leurs exportations ou exigeant le payement en d'autres devises que le dollar, pour se prémunir contre sa perte de valeur ». Alors que le gouverneur de la Banque d'Algérie insiste sur l'aspect non risqué des placements algériens, l'ancien ministre estime, quant à lui, que « les dollars détenus sous forme d'obligations du Trésor américain, ni leur valeur ni la sécurité de leur détention ne sont garanties ». L'ancien ministre rappelle que « leur valeur nominale en capital ne change pas puisque contrairement aux obligations du Trésor détenues par les particuliers, celles souscrites par les autorités monétaires étrangères ne sont pas susceptibles de varier en prix suivant l'évolution des taux d'intérêt sur les dépôts en dollars ». Cependant, et c'est là tout l'intérêt de l'analyse, « le pouvoir d'achat de ce capital évolue avec le taux de change du dollar comme avec le taux d'inflation international et le gouvernement américain ne donne aucune garantie quant au maintien de sommes qui sont mises à sa disposition par les banques centrales étrangères », explique-t-il. Pour que le pouvoir d'achat initial soit maintenu, « il faudrait que le taux d'intérêt produit par le placement soit au moins égal à 4%. Et pour que le rendement du placement soit positif, il doit dépasser les 4% par an. Or, du fait de la politique de faible taux d'escompte menée par le FED, les placements en obligations du Trésor se font à perte », conclut-il.