Le Liban semble tout faire pour régler la crise politique qu'il traverse depuis près de deux années, même si un début de solution a été apporté avec l'élection d'un président de la République après une longue vacance. Mais le processus n'est pas aisé. On le savait déclicat, mais il est aussi contrarié par des parties non identifiées, comme celles qui ont perpétré l'attentat d'hier dans la ville de Tripoli (Nord-Liban). En effet, quatre personnes ont été tuées et 30 blessées dans un attentat à la voiture piégée contre un autocar transportant des soldats. « Trois des personnes tuées étaient des soldats. Parmi les blessés, 24 sont des soldats, le reste des civils », selon un responsable. Après de multiples reports, le général Michel Sleimane a été effectivement élu à la plus haute magistrature, et lui-même peu après sa prise de fonction s'est lancé dans un long processus de règlement incluant le règlement définitif d'un vieux contentieux avec la Syrie, lequel est passé par l'établissement de relations diplomatiques. Quant aux signes de la crise, personne apparemment ne veut les vivre ou les subir. En effet, les affiches politiques ont été retirées des rues de Beyrouth au cours du week-end, comme prévu dans le cadre des efforts de réconciliation nationale au grand soulagement de la population. Jeudi, Saâd Hariri, un des chefs de la majorité parlementaire, avait annoncé cette décision, alors que les parties rivales libanaises tentent un rapprochement dans le but de mettre fin aux violences politiques qui, en mai, avaient fait 65 morts dans le pays. Le retrait des slogans politiques, drapeaux et portraits de dirigeants libanais, morts ou vivants, qui parsemaient Beyrouth, a débuté vendredi soir. Une démarche similaire doit ensuite avoir lieu dans l'ensemble du pays. A la suite de l'accord de Doha, en mai dernier, qui a permis l'élection d'un président de la République après plusieurs mois de crise et la formation d'un gouvernement d'union, un dialogue national a été inauguré le 16 septembre. Ce lancement a réuni 14 dirigeants de la majorité parlementaire et de l'opposition emmenée par le mouvement chiite Hezbollah autour du président Michel Sleimane. Dans le cadre de ces efforts, M. Hariri, chef du Courant du futur, principal bloc de la majorité parlementaire, doit rencontrer prochainement le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah pour la première fois depuis plus de deux ans. Une délégation du Hezbollah a rencontré Saâd Hariri dans sa résidence à Beyrouth pour la première fois en deux ans, a rapporté le journal local, As Safir. La réunion de mercredi prépare une rencontre entre le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et M. Hariri pour « bientôt », a indiqué le journal. L'information n'a cependant pas spécifié quand les deux hommes ont prévu de se rencontrer. Mohammad Raâd, qui dirige le comité parlementaire du parti militant chiite et a dirigé la délégation du Hezbollah, a annoncé que lui-même et M. Hariri ont eu des « discussions franches » qui pourraient amener l'unité nationale à protéger le Liban contre les menaces israéliennes. « Nous avons eu des discussions ouvertes et franches lors desquelles nous avons échangé des opinions. Nos différences politiques ne signifient pas que nous ne sommes pas frères », a spécifié M. Raâd devant la presse après la réunion. « Nous affirmons l'engagement sur lequel nous nous sommes mis d'accord à Doha en mai dernier pour revitaliser la coexistence perdue et garder la résistance », a annoncé M. Raâd. Deux heures après la réunion avec la délégation du Hezbollah, M. Hariri a indiqué que les discussions visent à « briser la glace ». « Nous voulons que l'Etat et l'armée soient les arbitres. Nous ne voulons pas que Beyrouth reste l'otage des desideratas des factions », mais sous le contrôle de l'armée libanaise, a expliqué M. Hariri lors d'un banquet de l'Iftar. « Nous n'allons pas publier de certificat de pardon pour personne, l'histoire va juger qui a causé le conflit dans la capitale », a affirmé M. Hariri. Des pas importants sont faits en direction d'un règlement durable et les Libanais en avaient énormément besoin, eux qui vivaient depuis décembre 2006 dans la crainte d'un nouvel embrasement. La balle est dans le camps des leaders politiques.