L'ère où la confiance dans l'auto-régulation vertueuse des marchés dominait semble révolue. Les gouvernements de plusieurs pays européens ont décidé d'intervenir pour sauver leur système de finances. En Grande-Bretagne, en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas et en Allemagne, l'Etat est intervenu avec des programmes de régulation, voire de nationalisation de banques comme c'est le cas du Benelux où le groupe bancaire et d'assurance belgo-néerlandais, Fortis, a été nationalisé partiellement. Le groupe a été capitalisé à environ 30 milliards d'euros par les trois pays du Benelux, moyennant un investissement de 11,2 milliards d'euros. « J'appuie sans réserve ces initiatives », a clamé hier le président français, Nicolas Sarkozy, qui préside actuellement l'Union européenne (UE). « Nous ne devons pas céder devant la déstabilisation, il faut soutenir les banques », a-t-il ajouté lors d'un sommet UE-Inde à Marseille. Au Royaume-Uni, c'est la banque en difficulté Bradford & Bingley que le gouvernement britannique a nationalisée, comme il l'avait fait auparavant pour Northern Rock. En Allemagne, la banque privée allemande Hypo Real Estate a échappé de justesse à la faillite hier grâce à une ligne de crédit de 35 milliards d'euros garantie essentiellement par l'Etat. Comme aux Etats-Unis, où les pouvoirs publics interviennent massivement pour aider Wall Street, les difficultés croissantes du secteur bancaire en Europe ont remis sur le devant de la scène le rôle de l'Etat, après plusieurs décennies de libéralisme triomphant ayant démarré avec Ronald Reagan aux Etats-Unis et Margaret Thatcher en Grande-Bretagne. « Le système bancaire est important dans le fonctionnement d'une économie de marché. On doit le contrôler, on doit le réguler. Et lorsqu'il y a des dérapages importants (...), il faut à un certain moment changer de cap et reprendre un certain nombre d'institutions. C'est ce que nous faisons ici », a résumé hier le ministre belge des Finances, Didier Reynders.