Le marché pétrolier a commencé à intégrer les effets de la récession aux Etats-Unis sur la demande mondiale en pétrole. La baisse actuelle prononcée des cours est due en grande partie à ce recul économique. L'élargissement de la crise à l'Europe, qui est reconnue maintenant publiquement par ses dirigeants, ne devrait laisser aucun doute sur la baisse de la consommation de pétrole dans le vieux continent. L'Asie, dont les exportations dépendent en grande partie du marché américain, devrait connaître un certain ralentissement, mais beaucoup moins grave que celui prévu aux Etats-Unis et en Europe, car les marchés intérieurs de pays comme la Chine et l'lnde restent dynamiques. Aux Etats-Unis déjà, les achats de voitures auraient baissé de plus de 10%. Plusieurs indices montrent que la demande en pétrole dans le monde a commencé à baisser. Suppressions d'emploi et baisse des volumes de vente de voitures touchent déjà le secteur de l'automobile en Europe. Cette situation devrait se traduire par une baisse de la consommation en essence et une tension moins grande pour le secteur du raffinage, qui a beaucoup contribué ces dernières années à la hausse des prix du pétrole sur le marché américain. L'hypothèse d'une intervention de l'Opep, lors de sa prochaine réunion extraordinaire à Oran le 17 décembre, devient de plus en probable. A Vienne, l'Opep ne pouvait pas intervenir à la veille de l'hiver, surtout que le prix du baril de pétrole était supérieur à 100 dollars. L'accélération de la crise financière et la volatilité des cours avec des écarts historiques ne devraient pas faire perdre de vue les changements en vue des fondamentaux, notamment les stocks et la demande liée à l'offre. La semaine dernière déjà, l'augmentation des stocks pétroliers hebdomadaires américains a fait perdre plus de deux dollars au baril de pétrole. Il est vrai que l'augmentation annoncée était importante : plus de 4 millions de barils. Même les stocks d'essence ont augmenté de près d'un million de barils. Ces augmentations ont lieu dans une conjoncture de baisse prononcée de la consommation en produits pétroliers de près de 10% sur le marché américain et de reprise de la production dans le golfe du Mexique, après le passage des ouragans. La hausse des stocks, conjuguée à une baisse de la consommation, va créer un surplus sur le marché pétrolier. De plus, la mise en production de nouveaux gisements dans des pays pétroliers non membres de l'Opep va faire augmenter l'offre. Dans cette situation, l'Opep sera amenée à réviser son plafond de production au mois de décembre prochain. Pour l'instant, les prix restent supérieurs à 90 dollars le baril après des évolutions en dents de scie. Un niveau qui n'est pas encore jugé inquiétant par les pays de l'Opep, dont les revenus sont tirés essentiellement des exportations de pétrole. De plus, dans la perspective de la baisse de la demande mondiale en pétrole, les spéculateurs ont amorcé un recul. Le marché restera toutefois suspendu aux effets du plan de sauvetage bancaire américain appelé « loi de stabilisation économique d'urgence 2008 » une fois qu'il aura été adopté par la Chambre des représentants. Hier, dans la perspective de l'adoption du plan gouvernemental par la Chambre des représentants à Washington, les cours du pétrole étaient légèrement en hausse par rapport à leurs cours de clôture de la veille. Hier à New York, vers 16h GMT, bien avant le vote, le light sweet crude était coté à 94,98 dollars le baril, tandis que le brent était à 91,20 dollars le baril.