Les prix du pétrole restent toujours déprimés. Depuis la baisse spectaculaire de la production de l'OPEP lors de la réunion extraordinaire à Oran (la baisse était de 2,2 millions de barils), il semblerait que le marché n'a pas bougé d'un iota, les prix tournant depuis plusieurs mois autour des 40 dollars, ce qui a durement affecté le marché pétrolier qui n'arrive toujours pas à surmonter les difficultés notamment la baisse de la demande dans les pays industrialisés. Pour le moment, les actions envisagées sont au stade d'intention même si le temps presse. La Russie envisage de ne pas mettre sur le marché jusqu'à 16 millions de tonnes de brut en les stockant pour contribuer aux efforts de l'OPEP en vue de faire remonter les cours. L'OPEP ne reculera pas, certainement, le 15 mars prochain devant une nouvelle baisse de sa production, assure-t-on. Mais, parallèlement, le climat économique dans le monde est caractérisé par une morosité sans précédent. Tous les pays développés sont entrés en récession et la demande de pétrole ne fait plus partie des préoccupations des industriels. Pis, des analystes ne cachent nullement que les prix ne remonteront pas à 70-75 dollars avant deux ans en raison de la mauvaise situation économique mondiale. Selon le patron de la State Oil Marketing Organisation (SOMO), la baisse de la croissance chinoise avait aggravé une situation déjà assombrie par la chute de la demande des Etats-Unis et de l'Europe. La Chine a été rattrapée par la crise. «La croissance chinoise était censée être de 9%, maintenant elle est tombée à 4%», appuie l'analyste. On se demande d'ores et déjà quelle sera la décision de l'OPEP en mars prochain, sachant que la dernière baisse, selon les responsables, n'a pu que maintenir les prix à un seuil «acceptable» et éviter le pire, voir les prix chuter à 20 dollars le baril. Donc, quoi qu'il en soit, la prochaine réunion de l'OPEP ne ferait que maintenir le niveau des prix au seuil actuel, car la crise, principal facteur, ne fait que s'aggraver. Et même, il faut le souligner, les indicateurs économiques virent de plus en plus au rouge. Sur un autre plan, les spécialistes sont sceptiques quant à une relance de l'économie américaine. Certains affirment en fait que les effets du plan Obama ne seront pas ressentis avant le début de l'année prochaine. Et c'est ce que pensent même les experts de l'OPEP. Ils affirment mordicus que «le vif recul de la demande depuis l'année dernière risque de se prolonger au moins durant les trois premiers trimestres de l'année». Globalement, la consommation mondiale pourrait encore s'affaiblir de 0,67% cette année, affirme-t-on. «Les informations données par l'OPEP et des prévisionnistes privés indiquent que la demande de pétrole pourrait baisser de 2 millions de barils par jour de plus au deuxième trimestre», a jugé M. Flynn. Ce qui confirme, encore une fois, que, même si l'OPEP décidait d'une autre coupe sévère lors de la prochaine rencontre, les prix, eux, vont stagner sous la barre des 50 dollars. Il va sans dire que la décision de la Russie de se conformer à la politique de l'OPEP, du moins dans la forme, pourrait aider un tant soit peu à protéger le pétrole des effets de la crise qui n'a pas encore dévoilé toute sa couleur. S. B.