Après la promulgation du plan de sauvetage américain, les dirigeants européens tentent à leur tour de trouver un moyen de sécuriser leurs systèmes bancaires, de dégeler le crédit et de coordonner leur stratégie économique et monétaire. « Le monde est au bord du gouffre par la faute d'un système irresponsable », a déclaré le premier ministre français, François Fillon. Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'UE, devait réunir hier à l'Elysée la chancelière allemande Angela Merkel et les premiers ministres britannique Gordon Brown et italien Silvio Berlusconi, pour un mini-sommet destiné à trouver une stratégie commune face à la crise financière internationale. Cependant, certains observateurs affirment que les dirigeants européens sont « quelque peu désunis face aux mesures à prendre ». Le président du Parlement européen, l'Allemand Hans-Gert Pöttering, a tenu à rappeler que cette réunion ne pouvait servir qu'à faire des propositions et que les véritables décisions devaient être prises à 27. L'idée avancée, jeudi passé, par la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, de constituer un fonds européen de sauvetage des banques, projet pour lequel un montant de 300 milliards d'euros a été cité, a été accueillie par un refus allemand. « Pas question d'accorder des chèques en blanc aux banques, qu'elles se soient comportées de manière responsable ou pas », a vertement répliqué Mme Merkel, qui préfère réagir « au cas par cas ». Quant au premier Ministre Gordon Brown, s'il a reconnu que la crise financière avait une « dimension européenne », il a jugé « normal » que des solutions soient recherchées au niveau de chaque pays. Il proposera la création d'un fonds européen de 15,3 milliards d'euros pour aider les petites entreprises. Pour sa part, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), M. Strauss-Kahn, a estimé qu'« il faut qu'il soit indiqué aux marchés » que les pays européens ne vont pas agir « chacun pour soi ». Tout en affirmant que « la situation est très préoccupante », il a avoué que les pertes des banques étaient « plus importantes que ce que nous avions mesuré ». Et d'ajouter que le FMI devrait publier la semaine prochaine des prévisions de croissance mondiale « assez sensiblement en baisse ». Notons que la contraction du marché international du crédit interbancaire fait que de nombreuses banques américaines et européennes éprouvent, aujourd'hui, les plus grandes difficultés à se refinancer et à maintenir leur solvabilité. Certaines banques, comme la belgo-néerlandaise Fortis et la franco-belge Dexia, n'ont été sauvées de la faillite que par l'intervention des pouvoirs publics qui les ont nationalisées. Plusieurs banques britanniques et allemandes ont également été renflouées en catastrophe. En France déjà, la récession semble s'être installée.