Le Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) a célébré hier, 5 octobre, un double anniversaire, celui de la révolte juvénile de 1988 à Alger ainsi que la Journée mondiale des enseignants. Deux célébrations que le Satef a voulu marquer afin de mettre en avant la situation précaire des enseignants algériens et de dire que la quête pour les droits continue. « Le Satef est le premier syndicat autonome créé après l'ouverture survenue grâce au sacrifice des jeunes. Nous profitons de cette occasion, aujourd'hui, pour remettre sur le tapis la situation précaire des enseignants et disons aux pouvoirs publics de réagir à temps car la base est prête à aller vers un bras de fer », a indiqué le secrétaire général du Satef, Salem Sadali, lors d'une conférence de presse tenue hier au siège du Snapap. « La situation sociale est telle qu'il n'est pas impossible de voir surgir un autre 5 Octobre. Notre devoir est d'attirer l'attention et de pousser le gouvernement à réagir avant l'irréparable. La base ne veut plus entendre parler de grève de trois jours suivie de ponction de salaires au lieu d'un réel changement. On veut des actions musclées, une grève illimitée pour faire aboutir les revendications », explique M. Sadali, en notant que c'est la fermeture des portes du dialogue qui pousse au pire. Abordant la réforme du système éducatif, l'orateur estime qu'« elle est pilotée par des personnes qui ne sont pas à la hauteur de leur tâche ». Et d'ajouter : « C'est une réforme importée et inadaptée à la réalité algérienne. Elle a été imposée sans préparer les établissements ni les enseignants pour l'appliquer. C'est une réforme qui répond à des considérations économiques et non pédagogiques. » M. Sadali considère que la fuite vers les écoles privées n'est pas la solution. « Nous voulons que nos enfants soient égaux devant l'éducation et pour cela il faut que l'enseignement public soit de qualité. On crée des conditions difficiles dans le secteur public pour imposer la solution de la privatisation », souligne le SG du Satef, qui annonce le lancement prochain d'une pétition nationale pour sauver l'école publique. « Les parents d'élèves doivent s'impliquer en devenant autonomes pour que l'école ne fonctionne plus en vase clos. Il ne faut pas vous fier aux taux préfabriqués de réussite aux examens, nous avons remarqué une baisse du niveau des élèves, ce qui est paradoxal avec le taux de réussite qui sert à masquer les failles de la réforme », note encore M. Sadali. Ce dernier estime que l'architecture entière de la classe est à revoir, car il est inconcevable d'appliquer une réforme sans les moyens adéquats. « Il y a un grand manque d'enseignants, un manque d'établissements scolaires, il y a 1 450 000 élèves en plus dans les CEM cette année, c'est un boulet que l'école publique va traîner pendant 7 ans, on handicape l'école avec des classes de 60 élèves et on ose parler de réforme », ajoute-t-il. Evoquant le statut de l'enseignant, le conférencier s'inquiète que le ministère de tutelle n'ait pas pris en compte les propositions des partenaires sociaux. « Un journal a publié le projet zéro du ministère comme étant le nouveau statut adopté. Si tel est le cas, nous allons réagir », indique M. Sadali, en soulignant que le pouvoir d'achat des enseignants est en constante érosion du fait de l'inflation. « Le projet de loi de finances 2009 prévoit une hausse de 15% de la masse salariale, mais avec le recrutement de 60 000 nouveaux fonctionnaires, la hausse en question n'aura qu'un faible impact alors que le taux d'inflation va atteindre, selon les économistes, d'ici la fin de l'année, 12%. Ce sera donc la continuelle course poursuite des salaires derrière les prix », prévient le SG du Satef, qui exige l'augmentation du point indiciaire et l'introduction de nouvelles primes « pour donner un peu d'air aux bas salaires ». Une réunion de l'intersyndicale est prévue, vendredi prochain, afin de déterminer la marche à suivre pour faire aboutir les revendications des enseignants.