Le jour de l'Aïd el-Fitr, aucune pharmacie n'était ouverte au niveau du chef-lieu de wilaya, du moins jusqu'à 10h du matin, comme nous avons pu le constater avant notre départ sur Oran pour y chercher un médicament. En cours de route, en passant vers 11h par El Amria, les cinq ou six pharmacies de cette localité étaient également fermées. Le matin, à Témouchent, vers 7h30, aux urgences médicales, aucun des paramédicaux n'était en mesure d'indiquer laquelle des pharmacies était de garde : « Mais où est affichée la liste des pharmacies de garde, celle qu'établit la DSP ? ». Personne ne savait. Un infirmier suggère de s'informer auprès de l'agent de police de faction. Celui-ci explique que, du fait de l'insécurité, les pharmacies n'ouvrent plus la nuit. Ce que confirma par la suite le DSP, évoquant la situation sécuritaire. La réponse ne convainc pas, d'autant qu'à Témouchent, il n'y a jamais eu la déflagration du moindre pétard. Le lendemain, visite chez un pharmacien et surprise, la fameuse liste organisant les gardes est affichée mais, bizarrement, pas au niveau des urgences où sa place est plus justifiée. Il y est indiqué que la garde s'achève à 22h mais dans les faits, c'est à 20h qu'elle l'est effectivement. Le propriétaire de l'officine explique que l'insécurité est le fait des consommateurs de psychotropes « à tel point, qu'en ce qui me concerne, je n'en ramène plus ! » Terrible déclaration ! « Mais dans les autres pays, les pharmaciens risquent également gros avec les drogués et pourtant ils ouvrent ? » et l'on vous répond que la comparaison n'est pas à faire. Dans notre pays, des responsables pratiquent la fuite en avant. Pour ce qui est de la fermeture le jour de l'Aïd, il ressort qu'en plus des pharmacies désignées pour assurer la garde durant la semaine et qui devaient ouvrir ce jour, il y en avait trois autres spécialement désignées. Mais ni les unes ni les autres n'avaient daigné ouvrir. A Oran, il en était autrement. Pour d'aucuns, ce n'est certainement pas parce que les pharmaciens y gagnent moins leur vie mais plutôt parce qu'à Témouchent les affaires tournent bien pour les officines ayant pignon sur rue et que la réglementation est le dernier des soucis de ceux censés organiser le service public et ceux tenus de l'assurer.