Cent soixante-dix familles, vivant dans la précarité au lieudit Fontaine Fraîche, dans la commune d'Oued Koreich, attendent depuis plus de dix années leur relogement dans des habitations décentes. Des chalets complètement délabrés leur servent de demeures. Ils ont été construits sous l'ère coloniale et leur durée de vie ne devait dépasser les cinq années. « Nous faisons face à une situation alarmante. Nos enfants sont quotidiennement attaqués par des rats et des chiens errants qui pullulent dans le quartier. De plus, l'éclairage public est inexistant, ce qui a favorisé la multiplication des actes de violence et d'agressions ainsi que la consommation de drogue qui s'est propagée dans les ruelles de la cité à une vitesse vertigineuse », atteste le président de l'association de quartier El Amel, Rachid Mseles, qui exhorte les responsables des services de sécurité à intervenir pour mettre un terme à cette situation. « Nous ne pouvons même pas dépasser le seuil de notre demeure sans risquer d'être mordus par un rat ou un chien errant de même que, faute d'entretien des réseaux d'assainissement et de voirie, la prolifération des MTH, les maladies à transmission hydrique, n'est plus à écarter dans notre cité », précise notre interlocuteur qui ajoute que les pluies qui se sont abattues, ces derniers temps ont été « désastreuses » pour les familles dont quelques-unes sont là depuis... 1959. Toutes les démarches entreprises auprès des élus de l'APC, soutient-il, afin d'améliorer le quotidien des habitants sont restées lettre morte. 290 logements « aidés » : Un projet qui tarde à venir Par ailleurs, un projet pour la réalisation de 700 logements, dont 290 sont destinés, dans le cadre d'une opération terroir, aux familles de ce quartier, devait voir le jour depuis plusieurs années. Le projet, dont les familles espéraient la concrétisation le plus vite possible, aurait été, selon les dires du président de l'association, gelé. « Les responsables que nous avons pu rencontrer nous ont précisé que le terrain sur lequel devaient être édifiées les habitations était glissant, donc dangereux, alors qu'ils ont approuvé la réalisation d'un centre de formation féminin dont les travaux ont été déjà entamés. » Pour notre interlocuteur, « il y a anguille sous roche ». « Une importante enveloppe financière, dont une partie est financée par la Banque mondiale, a été dégagée pour la réalisation de ce projet. Mais au jour d'aujourd'hui, les travaux n'ont pas encore démarré », ajoute-t-il. Des engagements pour un apport personnel de 15 % du prix du logement ont été signés par les habitants de ce quartier. Le responsable s'interroge, par ailleurs, sur le sort réservé aux 14 familles du quartier qui ont reçu, en 1990, des arrêtés de préaffectation pour des F4 aux lieudits Benzerga et Jenane Chalaz, à Oued Koreich mais qui n'ont pas été relogées jusqu'à aujourd'hui. Le président de l'association de quartier El Amel, rappellera que des dizaines de familles de ce quartier ont été relogées à Bachedjerrah en 1976, puis en1983 dans la commune de Bab El Oued. Les autorités de la wilaya d'Alger ont procédé, en 1995, au relogement de 100 familles à Bordj El Kiffan. Mais là où le bât blesse, ajoute le premier responsable de l'association, c'est que lors de l'opération de distribution de 120 logements sociaux à Beni Messous qui a eu lieu en 2002, aucune famille au niveau de leur quartier n'a bénéficié de logement. Les élus, atteste notre interlocuteur, ont prétexté l'inscription de ce quartier parmi les futurs bénéficiaires de logements « aidés » et n'ouvre pas droit au logement social. Notre interlocuteur ajoutera qu'un château d'eau d'une capacité de 5000 m3 est à l'arrêt depuis plusieurs années à cause d'une canalisation qui n'a pas été réalisée jusqu'à présent. « Le branchement des canalisations doit traverser nos chalets », conclut M. Mseles. En attendant l'entame des travaux pour la réalisation des 270 logements et le raccordement du château d'eau aux principales canalisations d'eau potable, les 170 familles de Fontaine Fraîche continuent de souffrir le martyre.