Quatre-vingt dollars est le prix réel du baril de pétrole avec un taux de change du dollar renforcé, a déclaré le président de l'Opep et ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, dans un entretien accordé hier à la Chaine III de la Radio nationale. Il faut rappeler que la chute des prix en dessous de 80 dollars s'est accompagnée d'une hausse de 16% du dollar par rapport à l'euro. A la question de savoir pourquoi l'Opep a décidé de se réunir le 18 novembre prochain, le ministre a répondu : « Justement parce que les gens ne savent pas quelles sont les conséquences de cette crise financière à long terme. Parce que l'Opep ne regarde pas les prix aujourd'hui ; elle est beaucoup plus préoccupée de ce que seront les prix dans 3, 6 mois ou dans un an. Il est tout à fait clair que si rien n'est fait sur l'offre, soit que les producteurs retirent volontairement leur pétrole parce qu'ils ne trouvent pas d'acheteur, soit qu'une organisation comme l'Opep décide donc de retirer son pétrole parce qu'elle aussi pense qu'il n'y aura pas de marché pour ce pétrole. A ce moment-là, les prix pourraient se stabiliser et se renforcer au-delà de 80 dollars. » Concernant une chute encore plus prononcée des prix, le ministre a déclaré : « Je ne le pense pas, dans la mesure où personne ne peut connaître le temps que ça pourrait durer. Personne ne pourra vous dire quel sera le prix, maintenant il faut regarder à long terme et là, il n'y a aucun doute que les économies mondiales vont avoir besoin de pétrole. » A propos des pertes que subira l'Algérie avec les fluctuations des prix du pétrole qui sont passés de presque 150 dollars le baril à 80 dollars, le ministre a indiqué qu'« on ne peut pas parler de pertes puisque ce n'étaient pas des prix garantis. Comme vous le savez, les prix fluctuent constamment sur les marchés. On a pu quand même obtenir une moyenne de 115 dollars pour l'année 2008. Donc, quoi qu'il arrive, les prix en fin d'année seront à peu près de 80 dollars, chiffre que j'avais déjà annoncé il y a quelques mois. Donc ces fluctuations sont même très grandes au-delà du marché actuel, c'est-à-dire 75 dollars. Je pense que nos revenus seront garantis. 150 dollars. Je ne vois pas d'où vient ce chiffre. A 147 dollars, bien sûr, ce prix on l'a déjà dit, était un prix artificiel dû à la spéculation car les fonds se couvraient avec les achats sur le marché pétrolier. Ce que nous voyons aujourd'hui, c'est le fait que ces fonds se débarrassent de leurs positions sur le marché pétrolier. » « Maintenant, le marché pétrolier reflète vraiment l'offre et la demande. L'introduction de ces spéculateurs en 2007 a causé de grands dégâts. Non seulement ils ont fait monter les prix à des niveaux très très importants sur le marché pétrolier, mais ils ont créé aussi la crise financière que nous vivons actuellement. Donc la récession a entraîné du coup une baisse de la demande du fait que la consommation a baissé alors que l'offre est la même. Il faut bien que quelque part, l'équilibre se rétablisse à travers les prix », a ajouté le ministre. « 80 dollars est le prix réel du pétrole. Avec un taux de change d'un dollar renforcé », a-t-il estimé. Vendredi le pétrole brut sur le marché américain avait terminé à 77,70 dollars le baril, tandis que le brent avait clôturé à 74,09 dollars.