L'immense cité Saïdi Djemoï de Aïn Beïda n'a pas été construite selon les normes urbaines en vigueur. Pourtant, son existence remonte à juste avant l'indépendance du pays. En ce temps-là, elle était affublée du nom de « Savary », un patronyme français, celui en tous les cas qui avait alors autorisé, semble-t-il, l'édification de ce quartier. Les rues ou plutôt les ruelles sont fort étroites et ne permettent guère à deux voitures de se croiser. Les rares avenues, plus ou moins larges, ne payent pas de mine. Les maisons qui les bordent sont d'une architecture disgracieuse et sont parfois mal alignées. Il semble même qu'elles se bousculent jusqu'à rogner une partie du trottoir. Parfois, les trottoirs sont inexistants. Construite sur un terrain rocailleux, la cité est dépourvue d'arbres, ce qui en rend l'aspect encore moins accueillant. Toutefois, Saïdi Djemoï constitue à elle seule, avec son dédale de rues, ses échoppes, ses magasins et son souk El Assar, une petite ville où la vie fourmille sans discontinuer. Le nombre des habitants dépasse, sans doute, la cinquantaine de milliers, surtout avec l'adjonction des quartiers Kahina 1 et 2 et la nouvelle cité, appelée communément cité Faleti. Cette dernière, vue à partir de la route d'évitement, semble une ville en chantier, tant les bâtisses n'ont reçu ni crépissage, ni chaulage. La seule couleur qui prédomine est celle du ciment. Par manque de civisme, les habitants se débarrassent de leurs ordures n'importe où et n'importe comment, ce qui porte un sacré coup à l'environnement. Pourtant, la municipalité a doté la cité de bennes à ordures pour faciliter la tâche aux citoyens. Outre l'absence d'arbres le long des avenues, la cité souffre affreusement de manque d'espaces verts et d'aires de jeux. Mais où les aménager quand le moindre carré de terrain est envahi par le béton, rien que par le béton ? La cité Saïdi, avec ses allures de gros bourg, exige un coup de brosse pour avoir bonne figure.