L'agence nationale du patrimoine minier a accordé une autorisation d'extraction du sable du cordon dunaire dit Z'baret El Aoud à M'Sila malgré un avis défavorable de la DGF. Pouvez-vous expliquer pourquoi l'avis était défavorable ? Il s'agit d'un cordon dunaire traversant la ville de Bou Saâda qui a connu des travaux de fixation de dunes engagés par l'administration forestière. C'est une zone qui est protégée par plusieurs lois, notamment la loi 84/12 portant régime général des forêts (article de 08 à 18) et en application de l'article 79 de la loi domaniale de l'article 18 de la loi 90/25 portant orientation foncière, de l'article 29 de la loi 03/10 relative à la protection de l'environnement et du développement durable et les articles 1, 118, 150, 151 et 157 de la loi 01/10 portant loi minière. L'agence n'est-elle pas liée par l'avis de la DGF ? Si, l'agence est liée à notre avis par la DGF à travers la direction des mines de la wilaya et le dossier d'exploitation est soumis aux avis préalables des services techniques de la wilaya. Il y a lieu également de faire référence à la loi n° 01-10 portant loi minière dans son article n°1 : « … L'exploitation des substances minérales dans le domaine public hydraulique et dans le domaine forestier national est soumise aux dispositions de la présente loi, sous réserve des dispositions de la loi n° 83-03 du 5 février 1983 relative à la protection de l'environnement et de la loi n° 83-17 du 16 juillet 1983, modifiée et complétée, portant code des eaux et de la loi n° 84-12 du 23 juin 1984, modifiée et complétée, portant régime général des forêts. » Etes-vous les seuls à avoir donné un avis défavorable ? Non, nous sommes quatre directions à le faire : en plus des services forestiers, il y a les services de l'agriculture, de l'environnement et de l'hydraulique Quels sont, selon vous, les dangers liés à l'extraction du sable ? Le défrichement du couvert végétal issu des travaux de fixation de dunes engagés dans le passé par l'administration des forêts, provoquera l'ensablement de la ville de Bou Saâda, les ouvrages d'art existant et le périmètre agricole d'El Maâdher avec toutes les conséquences dramatiques sur le devenir des populations locales. Par ailleurs, c'est une situation qui pourra induire un déséquilibre profond avec risque d'irréversibilité des écosystèmes naturels en détruisant le milieu de vie de la faune et de la flore sauvage existante. Avez-vous proposé un autre site d'extraction de sable et si oui lequel ? Oui, l'administration forestière avait pris des contacts avec les représentants de l'ACC dans l'optique d'un changement d'impact. Ces contacts sont restés sans réponse sous prétexte que l'agence nationale des mines leur a délivré un titre minier et qu'il n'avait pas à changer d'impact. La DGF dispose-t-elle d'un recours pour protéger ce cordon ? Le seul recours dont dispose la DGF est la voie judiciaire et ce, devant le silence et l'ignorance totale de l'ACC, ainsi que l'agence nationale des mines pour solutionner le problème à l'amiable. Avez-vous un message ? Devant les dépenses énormes d'équipement que l'Etat a engagées pour stabiliser, fixer et protéger la zone en question et qu'elle aura à engager dans le futur pour tous les désagréments qui seront causés, il est du devoir de l'administration chargée des forêts de veiller à la préservation de ce patrimoine qui, si pour certains ce n'est qu'un amas de sable, pour nous, c'est un milieu vivant en équilibre qui mérite d'être protégé pour les générations futures. Si cette exploitation est maintenue, elle aura dans un proche avenir des conséquences graves sur la région de Bou Saâda et même sur les zones environnantes. L'Administration des forêts, en tout état de cause, agira dans le strict respect de la législation et réglementation en vigueur en la matière.