Après la tenue d'un nouveau second tour, Victor Iouchtchenko a enfin remporté la victoire à l'issue d'une élection présidentielle mouvementée face au Premier ministre sortant, Victor Ianoukovitch, avec une avance de plus de 8 points. Ce dernier vient de reconnaître implicitement sa défaite en exhortant ses partisans à le suivre dans la constitution d'une opposition forte. Ce « troisième tour » met fin à une crise politique interne qui a tendu les relations entre la Russie et les pays occidentaux et ce depuis le 31 octobre dernier, date à laquelle s'est tenu le premier tour qui a vu la victoire du candidat du pouvoir et pro-russe, Victor Ianoukovitch, une victoire aussitôt contestée par l'opposition menée par le candidat pro-occidental, Iouchtchenko. Des irrégularités et des opérations avaient été dénoncées et des manifestations de l'opposition ont eu lieu à Kiev avant la tenue du second tour alors que le président russe Vladimir Poutine séjournait en Ukraine pour apporter son soutien à Ianoukovitch. Les résultats du second tour, tenu le 21 novembre dernier et qui donnaient la victoire à ce dernier, ont eux aussi fait l'objet d'une vague de contestations de la part des partisans d'Iouchtchenko. Ceux-ci sont allés jusqu'à le proclamer vainqueur lors d'une séance au Parlement ukrainien boycottée par les partisans du Premier ministre sortant, s'ensuit une grève générale. Le pays entre alors dans une grave crise qui risquait de provoquer une partition de l'Ukraine. Quelques jours dans la foulée des Etats-Unis, du Canada et de la Grande-Bretagne, l'Union européenne rejette le résultat du scrutin qualifié de « transparent » par Vladimir Poutine. La Cour suprême ukrainienne suspend la publication des résultats du second tour, les manifestations se poursuivent de la part de l'opposition à Ianoukovitch. Le Parlement est assiégé tandis que Moscou accuse certains Etats de vouloir pousser l'Ukraine dans les bras de l'Occident. Des négociations sont entamées sous les bons offices de médiateurs des pays voisins : Pologne, Lituanie, et de l'Union européenne jusqu'au début du mois de décembre au cours duquel le Parlement adopte une motion de censure contre le Premier ministre sortant Ianoukovitch qui refuse de démissionner tandis que la Cour suprême annule les résultats du second tour et fixe la tenue d'un nouveau scrutin pour le 26 décembre. L'opposition et le pouvoir incarné par le président sortant Vladimir Koutchma parviennent à un accord sur une réforme constitutionnelle et des amendements à la loi électorale qui limitent les risques de fraude ; le blocus du Parlement est alors levé par l'opposition. La polémique autour de l'empoisonnement à la dioxine d'Iouchtchenko par de tierces personnes lors d'un dîner avec le responsable des services ukrainiens est alors relancée à quelques jours du nouveau scrutin et sert d'argument électoral décisif à celui que les médias occidentaux ont présenté comme étant un réformateur, un partisan de « l'indépendance » à l'égard de Moscou. A la proclamation des premiers résultats le donnant vainqueur du nouveau second tour, Victor Iouchtchenko a déclaré : « Nous avions été indépendants pendant 14 ans, maintenant nous sommes libres. » Une déclaration sans doute lourde de sens et qui illustre bien le contenu que le futur président de l'Ukraine entend donner à l'indépendance.