Le bras de fer se corse entre l'actuel président du Congrès mondial amazigh (CMA) et ses opposants au sujet du choix du lieu de l'organisation des 5es assises de cette organisation non gouvernementale. Au-delà de la polémique qui a récemment fait couler beaucoup d'encre, le conflit laisse place, ces derniers jours, aux accusations. Les deux parties essayent, chacune de son côté, de stigmatiser ses antagonistes. D'ailleurs hier, lors d'un point de presse tenu à la médiathèque de l'association Amusnaw à Tizi Ouzou, les partisans du vice-président du CMA, le Marocain Rachid Raha, ont tiré à boulets rouges sur leurs opposants qu'ils accusent, sans ambages, de détourner la destination initiale des fonds octroyés par le gouvernement catalan pour l'organisation du congrès du CMA en Kabylie. « Nous avons appris par l'intermédiaire de la coopération catalane qu'en date du 26 juin 2008, une subvention de 30 000 euros a été allouée pour la tenue de la 5e assemblée générale du congrès mondial amazigh en Kabylie. Notre organisation a également reçu, pour les mêmes motifs, 15 000 euros en provenance du gouvernement basque. Par conséquent, nous considérons que toute subvention allouée dans ce cadre ne peut être utilisée que pour couvrir les frais de la tenue des 5es assises du CMA en Kabylie et rien qu'en Kabylie », lit-on dans une déclaration du comité préparatoire des 5es assises de cette ONG à Tizi Ouzou, qui a, selon les conférenciers, donné un ultimatum de cinq jours à Belkacem Lounès afin « d'éclaircir la situation comptable du CMA et mettre à la disposition du comité préparatoire du congrès en Kabylie tous les moyens financiers reçus à cet effet ». Dans le cas contraire, précise Ferroudja Moussaoui, « nous serons dans l'obligation de dénoncer et d'ester en justice le trésorier et président du CMA », a-t-elle martelé, avant d'ajouter : « Nous avons installé un comité de collecte d'argent auprès des industriels de la région pour les besoins de ce rendez-vous. Cela pour financer le congrès si Belkacem Lounès refuse de nous donner les fonds destinés à l'organisation de ces assises à Tizi Ouzou. » « Les bailleurs de fonds nous ont promis d'interpeller l'actuel président pour restituer cet argent s'il n'est pas utilisé pour les besoins de notre congrès », a ajouté El Hachemi Touzene, qui a souligné, par ailleurs, que 60 associations ont déjà confirmé leur participation à ce congrès dédié à la mémoire du chantre de la chanson kabyle, Matoub Lounès. S'agissant du lieu choisi pour abriter ces assises, M. Touzène précise que celles-ci auront lieu à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. « Nous avons déposé une demande d'autorisation, mais si les autorités refusent de nous délivrer ce document, nous serons obligés d'organiser cette rencontre à Beni Douala, à la maison de Matoub Lounès, étant donné que sa famille souhaite accueillir nos invités », a-t-il expliqué. Enfin, au rythme où vont les dissensions au sein de cette ONG, l'organisation de deux congrès du CMA, du 30 octobre au 3 novembre prochain, demeure inévitable d'autant plus que chaque « aile » campe sur ses positions.