Les industriels algériens de l'agroalimentaire sont de plus en plus conscients de l'importance de la qualité pour protéger la santé du consommateur et le devenir compétitif. En témoigne leur présence accrue à la journée de formation et d'échange organisée hier par la société Nosoclean en collaboration avec ses partenaires les laboratoires Anios et Food Safety Consult Intl. Il faut dire que dans un marché où il y a de nombreux acteurs, seule la qualité fait la différence. Les entreprises algériennes ne badinent pas avec les moyens pour arriver à s'imposer sur le marché local et, pourquoi pas, international, en se dotant des meilleurs équipements n'ayant rien à envier à ceux utilisés dans les pays développés, mais leurs personnels, du moins ceux chargés de la qualité, méconnaissent la réglementation. « Le tissu industriel algérien est composé d'opérateurs qui ont toutes les technologies qu'on trouve en Europe. On a constaté par ailleurs des insuffisances au niveau de la formation et de l'encadrement des équipes de laboratoire. Nous avons remarqué qu'ils ne sont pas toujours au fait de la réglementation, car pas assez bien formés », note Hervé Gnambodoé, directeur général de Food Safety Consult. Il est impératif, selon lui, d'investir dans les ressources humaines. « On a beaucoup investi dans les équipements et pas assez dans la formation. Il y a bien des formations pour l'acquisition de la connaissance, mais peu de formations pour l'acquisition de la compétence pratique afin de comprendre pourquoi on utilise les méthodes et éviter des incidents comme celui de la mélanine dans le lait en Chine et avoir plus de chance de se placer dans les pays où on veut exporter et ne pas mettre dans sa chaîne de production des matières qui peuvent être nuisibles pour le consommateur », explique cet expert. Le problème peut être lié à l'absence de coordination entre l'université et l'entreprise, souligne-t-il. « Il faut se poser la question si les formations inculquées au niveau des universités répondent ou non aux attentes des industriels. Là aussi, il y a une réflexion à mener. En Europe, le tissu agroalimentaire est tel que des universités sont spécialisées dans des niches bien précises », fait-il valoir. Selon lui, il ne suffit pas d'adopter les normes internationales sans les adapter aux réalités locales. « La réglementation algérienne reprend plusieurs notions de la réglementation européenne. On a placé la barre très haut. Il faut tenir compte aussi des réalités et des contraintes locales. Quand on veut mettre en place des référentiels, il faut d'abord bien les comprendre », relève encore M. Gnambodoé, qui estime qu'il serait judicieux de connaître aussi les prescriptions plus précises du codex alimentarus, qui est une exigence qui entre dans le cadre des accords avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC). « Ces recommandations sont mieux indiquées en matière de traçabilité, par exemple. Les industries en Algérie n'ont pas une vision claire de ce qu'est la traçabilité, car elles se conforment au modèle européen. Il y a un travail de fond à effectuer. Ce qui est positif, par ailleurs, c'est que les industriels algériens sont conscients de ce qu'il faut faire », affirme à ce propos notre interlocuteur. « Pour conduire une voiture, il faut posséder un permis de conduire. Il en est de même pour le code alimentaire. Nous enseignons le code alimentaire, plus précisément la réglementation, aux équipes des services qualité à mieux gérer les process qu'ils mettent en œuvre dans les entreprises en respectant les normes. Après cela, ils entreront des systèmes de management qui feront évoluer leurs structures et leur permettront d'exporter notamment vers l'Europe », indique M. Gnambodoé. Mme Durand, représentante des laboratoires Anios, a quant à elle présenté un exposé sur la nouvelle réglementation qui sera appliquée dans les prochaines années en Europe et qui aura sans doute des retombées sur les industries à travers le monde. Le but de ces nouvelles normes est de protéger l'environnement et la santé humaine et animale.