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Lettre de Mohamed Abdelaziz à Nicolas Sarkozy
Publié dans El Watan le 21 - 10 - 2008

Tifariti , le 16 octobre 2008 S. E. M. Nicolas Sarkozy Président de la République française, Président du Conseil de l'Union européenne
Monsieur le Président, C'est parce que nous sommes convaincus que l'Union européenne que vous présidez est devenue, au cours des dernières années, le moteur et la vitrine d'une Europe démocratique qui, en réussissant à faire des valeurs de liberté, d'égalité et de bonne gouvernance la base et l'essence de son système, s'est imposée à la fois comme modèle et très puissant stimulant pour tous les autres peuples et nations en quête de liberté et de dignité. Et c'est parce que nous sommes persuadés que cette auguste et prestigieuse organisation ne peut, au risque et de se déjuger et de se discréditer, se faire la complice, à l'orée du XXIe siècle, d'une politique de colonisation et de répression perpétrée par le royaume du Maroc au Sahara-Occidental depuis des décennies, en violation flagrante et manifeste de la légalité internationale et au mépris des droits les plus élémentaires de la femme et de l'homme sahraouis, que nous avons décidé de nous adresser à vous.
Monsieur le Président, Au cours des derniers jours, et contre toute attente, l'Union européenne a accordé un « statut privilégié » au royaume du Maroc et a approuvé un train de mesures destiné à renforcer son partenariat avec ce pays dans les domaines, entre autres, politique et sécuritaire. Ces mesures ne peuvent être jugées, si elles venaient à être traduites dans les faits sans contrepartie réelle de la partie marocaine sur des sujets aussi importants que celui des droits des hommes et des femmes sahraouis dans les zones occupées par le royaume marocain et l'organisation du référendum d'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental toujours promis par la communauté internationale et constamment retardé par les autorités marocaines, que comme un encouragement manifeste à l'occupation illégale par le royaume belliciste et expansionniste du Maroc. Sans oublier que ce statut spécial accordé par l'Union au Maroc et conforté par de nombreuses facilités dans plusieurs domaines serait à coup sûr considéré, à juste titre, comme la manifestation ostentatoire d'une franche méfiance à l'égard des autres peuples de la région ; peuples qui, parce que engagés dans de sérieux et prometteurs processus de consolidation démocratique auraient mérité de la part de l'Europe démocratique, de ses institutions et de ses représentants un soutien et une aide à la mesure des défis qu'ils affrontent.
Monsieur le Président, Vous n'ignorez sans doute pas que le Sahara-Occidental demeure aux yeux de la communauté internationale un territoire non autonome qui ploie, depuis 1975, sous le joug d'une occupation militaire entreprise en violation flagrante des principes de la charte et des résolutions des Nations unies. Vous n'ignorez pas non plus que la Cour internationale de justice (CIJ), saisie par les autorités marocaines, en l'absence pourtant des représentants légitimes du peuple sahraoui, pour se prononcer sur d'éventuels liens entre le Sahara-Occidental et le royaume du Maroc a affirmé solennellement je cite : « La cour conclut que les éléments des renseignements portés à sa connaissance n'établissent l'existence d'aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara-Occidental d'une part, le royaume du Maroc ou l'ensemble mauritanien d'autre part. La cour n'a donc pas constaté l'existence des liens juridiques de nature à modifier l'application de la résolution 1514 (XV) de l'assemblée général des Nations unies quant à la décolonisation du Sahara-Occidental et en particulier l'application du principe d'autodétermination grâce à l'expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire. » Avec le déploiement des forces de la Minurso (Mission des Nations unies pour un référendum au Sahra-Occidental) en 1991, le Sahara-Occidental a été placé sous mandat des Nations unies. Faut-il vous rappeler, par ailleurs, Monsieur le Président, que la question du Sahra-Occidental est inscrite depuis 1966 sur l'agenda de la commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Commission de décolonisation) des Nations unies et que depuis elle est en attente d'un dénouement heureux qui ne pourrait intervenir qu'en forçant l'occupant marocain à reconnaître ses torts et à permettre au peuple sahraoui, par le biais d'un référendum, juste, général et régulier de choisir librement son devenir.
Monsieur le Président. Depuis l'invasion militaire de notre pays par le royaume du Maroc, une partie importante de la population sahraouie a été forcée à l'exil dans des conditions précaires et difficiles, alors que l'autre partie, restée dans le territoire sous occupation marocaine, transformé en prison à ciel ouvert, est constamment l'objet d'une politique systématique de répression féroce et inhumaine qui se traduit, en règle générale, par des arrestations, des enlèvements et des disparitions forcées au demeurant, régulièrement dénoncés par les organisations internationales des droits de l'homme et par des organisations non gouvernementales. Le caractère aveugle et systématique des mesures répressives que font subir à nos populations civiles les autorités coloniales marocaines dans les zones du Sahra-Occidental sous leur occupation, a fait qu'il n'y a pas une seule famille sahraouie qui n'ait été touchée directement dans sa dignité ou souffert dans sa chair de la répression pratiquée dans l'impunité totale par les autorités d'occupation marocaine. Il est à relever, par ailleurs, que le Maroc a procédé au cours des dernières années à la construction d'un mur, doté de moyens de surveillance sophistiqués et truffés de mines anti-personnel. Ce mur long de 2300 km divise le territoire sahraoui en deux parties. En décidant de couper le territoire ainsi, les autorités marocaines ont lourdement accentué la souffrance des familles sahraouies en coupant tout lien entre elles. Elles se sont ainsi rendues responsables d'un crime dont elles doivent rendre compte devant la communauté internationale.
Monsieur le Président, Le Front Polisario n'est pas, faut-il insister, contre le fait que l'Union européenne ait des relations de coopération ou des rapports privilégiés avec le Maroc. Ce qu'il craint et redoute, et que vous pouvez aisément comprendre, c'est que le Maroc profite de tels rapports et les considère comme un encouragement ou une caution de la part de votre organisation à son entreprise coloniale. Ce qui ne manquerait pas, vous en conviendrez, d'engendrer de fâcheuses conséquences pour la stabilité et la paix dans la région du nord-ouest de l'Afrique dans son ensemble et se répercuter négativement sur ses rapports avec l'Union européenne. Les pays de l'Union européenne, en accordant un statut spécial et privilégié au Maroc, ne peuvent pas ne pas avoir mesuré ces sérieux risques et prévu la manière de contenir cet éventuel grave dérapage porteur, à ne point douter, de réels dangers pour l'évolution de la question du Sahara-Occidental et pour l'avenir et la stabilité de toute la région du Maghreb. Dans le cas contraire, nous ne pouvons que les leur rappeler en espérant qu'ils sauraient à temps prendre les mesures appropriées pour désamorcer une situation qui risque de semer les germes d'une déstabilisation dans la région du Maghreb. Et l'une des premières mesures, qui seraient susceptibles à nos yeux d'éviter le pire, est, en premier lieu, d'amener le royaume du Maroc à mettre fin à sa politique de répression et aux pratiques dégradantes qu'il fait subir à nos populations civiles dans les zones du Sahara-Occidental qu'il occupe illégalement et, en second lieu, à honorer les engagements qu'ils a solennellement et officiellement pris dans le cadre des Nations unies pour permettre au peuple sahraoui d'exercer, loin de toute forme de pression et de coercition, son droit imprescriptible à l'autodétermination et à l'indépendance. Je vous prie, Monsieur le Président, de bien vouloir croire en l'expression de ma haute et sincère considération. Je serais par ailleurs très reconnaissant à votre Excellence si elle pouvait faire état du contenu de ma lettre à ses collègues dirigeants de l'Union européenne.
Mohamed Abdelaziz. Secrétaire général du Front Polisario Président de la République arabe sahraouie démocratique


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