En dehors de l'Allemagne qui continue à s'opposer farouchement à la concrétisation de son projet d'union méditerranéenne, le président français Nicolas Sarkozy a réussi, jeudi soir à Rome, la prouesse de convaincre ses homologues espagnol et italien de rallier sa cause. Plus qu'un simple soutien, le président français a reçu de la part des chefs de gouvernement espagnol, Jose Luis Zapatero, et italien, Romano Prodi, qui jusque-là s'étaient montrés réservés sur la question, un engagement ferme de contribuer à faire aboutir le projet d'union méditerranéenne. Engagement qui, pour le moins que l'on puisse dire, met en minorité l'Allemagne d'Angela Merkel. Ce soutien s'est exprimé à travers l'Appel de Rome pour l'union de la Méditerranée, lancé par MM. Sarkozy, Prodi et Zapatero et que ceux-ci entendent concrétiser lors d'une conférence le 13 juillet prochain à Paris. Le texte de cet appel a été adopté lors d'une réunion tripartite tenue dans la capitale italienne. Le président français et les chefs de gouvernement espagnol et italien ont, lors d'une conférence de presse animée conjointement, tenu à placer cette vision d'une union politique apportant « la paix et le développement » entre les deux rives de la Méditerranée, dans l'esprit ayant présidé au Traité de Rome de 1957 qui a donné naissance à l'Union européenne. « Convaincus du fait que la Méditerranée, creuset de culture et de civilisation, doit reprendre son rôle de zone de paix, de prospérité, de tolérance, le président de la République française, le président du Conseil des ministres de l'Italie et le président du gouvernement d'Espagne se sont réunis à Rome le 20 décembre 2007 pour réfléchir ensemble aux lignes directrices du projet d'union pour la Méditerranée. L'union pour la Méditerranée aura pour vocation de réunir Europe et Afrique autour des pays riverains de la Méditerranée et d'instituer un partenariat sur un pied d'égalité entre les pays du pourtour méditerranéen », ont indiqué MM. Sarkozy, Prodi et Zapatero dans leur appel. Et de préciser que cette union pour la Méditerranée sera « le cœur et le moteur de la coopération en Méditerranée et pour la Méditerranée et visera à rendre plus claires et visibles les actions que les différentes institutions développent en faveur de la Méditerranée ». Les responsables français, espagnol et italien ont indiqué par ailleurs s'être mis d'accord pour « inviter les chefs d'Etat et de gouvernement des pays riverains de la Méditerranée à se réunir avec les pays de l'UE le 14 juillet à Paris pour définir leur vision commune » et que « ce sommet sera précédé d'une réunion des pays riverains le 13 juillet ». Dans le même moment, l'on a annoncé que Paris assurera la présidence semestrielle de l'Union européenne à partir du 1er juillet 2008 et que des travaux préparatoires seront entamés au cours des prochains mois par la France, l'Espagne et l'Italie « en étroite consultation avec les pays appelés à participer » à l'union. Au-delà du problème posé par « le veto allemand », Paris, Madrid et Rome auront aussi fort à faire, d'ici juillet prochain, pour mettre en confiance les pays de la rive sud de la Méditerranée qui, dans leur majorité, sont assez dubitatifs sur cette idée d'union de la Méditerranée. Le défi principal pour MM. Sarkozy, Zapatero et Prodi sera notamment de convaincre leurs partenaires du Maghreb que leur projet sera plus équitable que le processus de Barcelone et, surtout, qu'il pourra trouver des réponses durables aux innombrables blocages sur lesquels celui-ci a butés au point de devenir complètement inopérant. Car, dans le cas contraire, le projet d'union de la Méditerranée, vu du Sud, ne pourra être appréhendé autrement que comme une chimère de plus.