L'ONU continue à faire preuve de régularité et de constance dans son approche du conflit du Sahara occidental ; elle vient d'en donner la preuve avec l'adoption, mardi, par la quatrième Commission, appelée aussi Commission de décolonisation, d'une nouvelle résolution consacrant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Dans le premier cas, elle refuse d'être dessaisie de ce dossier qu'elle maintient à son ordre, comme elle le fait depuis des décennies. On verra que ce point est d'une extrême importance puisque le Maroc, puissance occupante, croyait qu'avec le temps des positions fléchiraient et que le monde allait accepter le fait accompli colonial. La constance ensuite, puisque l'ONU aussi bien au niveau de l'Assemblée générale que du Conseil de sécurité ne s'est jamais éloignée de sa position initiale qui consiste à traiter cette question sous l'angle de la décolonisation. Cette fois encore, le Maroc savait qu'il allait vers l'échec en renonçant à demander un vote, une procédure synonyme de camouflet, comme cela a été le cas notamment en 2006 où Rabat comptait très facilement ses soutiens. Par leur nombre, ces derniers n'étaient pas en mesure d'influer sur le vote. Le royaume chérifien avait alors compris que son appareil de propagande ainsi que sa machine diplomatique mis en branle pour faire accepter son plan d'autonomie s'étaient heurtés à une forte opposition contre ce qui constituait un déni de droit et tout simplement une injustice. L'ONU vient de lui en administrer la preuve avec ce nouveau document qui se prononce en faveur d'« un règlement politique mutuellement acceptable, garantissant le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination ». Il ne s'agit pas d'une relecture, mais de la réaffirmation de la validité de la résolution 1514 de 1960 sur les peuples et les territoires sous domination coloniale qui s'applique à cette question. En ce sens, c'est la réaffirmation du droit à l'autodétermination qui constitue la condition et la finalité de toute solution dans ce conflit et celle-ci doit être négociée par les deux parties, le Maroc et le Front Polisario, que l'ONU prend toujours soin d'identifier, tuant dans l'œuf toute forme de manipulation et autre manœuvre tendant à falsifier les données de ce problème, et faire croire qu'il oppose le Maroc et l'Algérie. Sollicitée pour un règlement, l'Algérie avait refusé de se substituer au peuple sahraoui, déclarant que ce dernier avait ses propres représentants. Autre signe de la fermeté de l'ONU, lors des débats, la délégation avait tenté d'introduire dans le projet de résolution des références à son plan d'autonomie, en vain. Pour dire clairement les choses, Rabat n'a obtenu aucun gain. Même ses soutiens, ou ce que lui considère comme tels, font preuve au moins d'une certaine mesure, toute diplomatique il est vrai. Si le texte a été adopté par consensus, avec tous ses référents, c'est parce que par ailleurs, le Maroc n'avait d'autre choix que celui ne ne pas s'opposer. En règle diplomatique, cela devient donc un accord et il y est lié. Très normalement, il revient au Conseil de sécurité d'en prendre acte et d'obliger Rabat à respecter les accords auxquels il avait lui-même souscrit. L'instance onusienne s'est contentée jusqu'à présent de compter sur la bonne volonté des parties en conflit pour appliquer son plan de paix. C'est Kofi Annan, l'ancien secrétaire général des Nations unies, qui avait identifié le Maroc comme l'origine du blocage du processus de paix. C'est pour protester contrer l'inaction du Conseil de sécurité que l'ancien envoyé spécial de M. Annan pour le Sahara occidental, l'Américain James Baker, avait démissionné. Un autre Américain, Christopher Ross, pourrait être nommé à ce poste en remplacement du diplomate néerlandais Van Walsum, auteur de propos qui lui ont valu l'opposition du Front Polisario, considérant que le fonctionnaire de l'ONU avait trahi les termes de sa mission et qu'il avait fait preuve de parti pris. C'est donc un nouveau revers pour le Maroc ainsi que pour ses alliés qui s'acharnent à vanter ses efforts, mais paradoxalement sans jamais citer le plan d'autonomie.