La quatrième commission de l'ONU ou commission de décolonisation a adopté dans la nuit de lundi à mardi une résolution qui traduit la constance de sa position à l'égard du conflit du Sahara-Occidental. Pour la précision, c'est une nouveauté au sein de cette commission, où ses résolutions sont traditionnellement adoptées par consensus. Ce qui n'a pas été le cas cette fois, puisque ce consensus a été rompu et qu'il a fallu recourir au vote. L'autre élément lié à ce vote est le nombre élevé d'abstentions. Il s'agit principalement des pays européens, lesquels ont entraîné dans leur sillage d'autres pays, comme le révèle au demeurant une règle non écrite. Réagissant à ce vote, le représentant permanent de l'Algérie estime que « le Maroc a pris la responsabilité politique de briser le consensus autour de la question du Sahara-Occidental en rejetant toutes les propositions, y compris celles présentées par la présidence de l'Union européenne qui auraient pu éviter à la commission de voter le texte ». Pour M. Abdallah Baâli, « les abstentions ne signifient de toute évidence pas une adhésion aux thèses marocaines, mais s'expliquent tout simplement par le fait qu'en l'absence de consensus, un certain nombre de pays ont préféré s'abstenir », comme l'a fait l'Union européenne, et tout en réitérant leur appui au plan de James Baker qui a quitté son poste en juin dernier, dont l'intitulé exact est « Plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental ». Ce qui veut tout dire. Dans ce texte, il est clairement indiqué que cette question relève de la colonisation et réaffirmé à cet égard le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. La résolution a été déposée par 42 pays dont l'Algérie, des Etats Africains comme le Nigeria, l'Afrique du Sud, la Namibie, le Kenya et la Tanzanie, ainsi que des pays des Caraïbes, d'Amériques centrale et latine tels Cuba, la Jamaïque ou le Venezuela et ceux de l'Asie et du Pacifique. Ce texte rappelle les résolutions par lesquelles le Conseil de sécurité a approuvé le Plan de règlement de l'ONU et évoque notamment la résolution 1495 qui apporte son appui unanime au plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental. Il réaffirme la responsabilité des Nations unies à l'égard du peuple du Sahara-Occidental et demande au comité spécial sur la décolonisation de continuer à suivre la question du Sahara-Occidental. La 4e commission connaît, cette année, un soutien sans précédent pour la cause sahraouie, comme en témoigne le nombre très élevé de pays coparrainant le projet de résolution. Toutefois, le vote a été marqué par un fort taux d'abstention. 52 pays ont voté pour, zéro contre, mais 89 dont les 25 de l'UE (Union européenne), parmi les Etats membres qui ont pris part à la consultation, se sont abstenus. Ce qui veut dire qu'il y a eu d'âpres débats en fait, a-t-on appris, un débat sans la moindre concession qui s'est soldé malgré les manœuvres en cours actuellement par le vote en question. Ce dont s'est félicité le ministre sahraoui des Affaires étrangères. Pour Mohamed Salem Ould Salek, présent à New York, la nouvelle résolution traduit la continuité dans les positions de l'ONU pour avoir réaffirmé à cet égard la validité du Plan de règlement endossé par le Conseil de sécurité en 1990 ainsi que du plan de paix élaboré par James Baker en 2003 et également endossé par le Conseil dans sa résolution 1495. Selon le ministre, la communauté internationale a opposé une fin de non-recevoir à la tentative du Maroc de se désengager du processus de paix et donc de l'application du plan de règlement de 1990 et du plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental de 2003. Un tel vote était d'autant plus attendu qu'il intervient après une série de faits aussi importants les uns que les autres, le plus saillant d'entre eux étant la démission de James Baker de son poste d'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara-Occidental. Ou encore, le « mémorandum » adressé par le Maroc au secrétaire général de l'ONU à travers lequel, il tente de réécrire les données de ce conflit, récusées par la quatrième commission, et les suggestions pour une solution négociée, elles aussi rejetées à travers la réaffirmation du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.