Le choix de cette citadelle de la musique n'est pas fortuit. « J'ai choisi l'Olympia, car c'est une salle intimiste, pleine de chaleur et qui rapproche le public de l'artiste. » Il ajoute au téléphone : « Il y a une forme de communion dans ce lieu. Il est tout naturellement indiqué pour moi. D'ailleurs, si j'avais eu le choix, j'aurais toujours choisi des endroits du même genre. » Le « Brassens » kabyle, comme le surnomment ceux qui l'écoutent avec fidélité depuis des années, interprétera diverses œuvres qui ont marqué son riche et inépuisable itinéraire artistique. Paris De notre bureau Des années 1970 avec une poésie dédiée aux tourments du cœur en passant ensuite aux revendications sociales et identitaires qui ont longtemps secoué les montagnes kabyles jusqu'aux cris de colère au profit d'une Algérie meurtrie, malmenée et trahie, le public aura droit à tous les registres. Grâce à un spectacle savamment orchestré. « Je chante un répertoire bien rodé. J'ai eu à le faire durant de nombreux spectacles en Algérie. Je suis à l'aise et je veux donc reproduire le même à l'Olympia », explique Aït Menguelet, visiblement content de retrouver son public. Cependant, il avertit : « ce n'est pas un retour, puisque je n'ai pas quitté la scène. Pour moi, c'est une continuité. Quand on me propose des concerts, je les fais. D'ailleurs, je me suis produit récemment à Aulnay-sous-Bois (banlieue nord de paris), à Roubaix (nord de la France) et le 30 octobre à Saint- Etienne (centre de la France). » Si dans le passé, les concerts d'Aït Menguelet en France avaient un cachet assez particulier à cause notamment de la présence de vieux immigrés esseulés parmi les spectateurs, aujourd'hui, cette différence s'est estompée avec le temps. Grâce aux nouvelles technologies de communication, le lien entre la rive sud et la rive nord se sont raffermis et la communauté immigrée n'est plus ce qu'elle était. Pour Aït Menguelet, chanter en Algérie ou en France, c'est désormais pareil. « Je ne tiens compte d'aucune différence sur le plan professionnel. Il n'y a pas de distinction entre le public immigré et algérien. Internet et le téléphone ont rapproché les frontières et les immigrés vivent désormais en famille, contrairement au passé où ils étaient seuls. » Idem aussi pour les répertoires. Avant, le poète kabyle adaptait plus ou moins ses prestations en fonction du public de Paris ou d'Alger, aujourd'hui, ce n'est plus le cas. « J'essaye juste d'alterner entre les chansons à textes et les chansons d'ambiance pour donner un caractère festif au concert. Le public et moi, nous nous comprenons bien. Quand j'interprète des chansons à textes, il écoute religieusement, à tel point qu'on pourrait entendre des mouches voler et quand je chante des chansons de fête, il se déchaîne et se démène et cela me fait énormément plaisir. » Lounis a-t-il tout dit ? Certainement pas. « Mais est-ce que j'arriverai à le dire ? » s'interroge-t-il. « Je n'en sais rien. J'attends l'inspiration, je n'ai pas de recette miracle. Les choses évoluent et bougent et chaque jour est une histoire », pense savoir ce versificateur qui symbolise ce fil invisible qui lie les deux rives de la méditerranée.