En matière de captation des investissements directs étrangers, l'Algérie « collectionne » les échecs. Ceux essuyés dans le secteur de l'automobile sont les plus édifiants. Les autorités ont montré, depuis quelques années, leur incapacité à convaincre les patrons des firmes étrangères spécialisées dans la construction automobile à investir dans le pays. Pis encore, elles (les autorités) les font fuir, condamnant ainsi l'Algérie à être, peut-être éternellement, un marché consommateur de produits fabriqués en Europe, en Asie et… dans des pays voisins plus rusés et plus opportunistes. En effet, l'Algérie est passé, en 2007, à côté d'une très belle opportunité d'avoir enfin une usine Renault. Le constructeur français a décidé, selon le président de la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie (Cfcia), Michel de Caffarelli (déclaration faite à la revue Jeune Afrique), d'installer son usine au Maroc « après l'échec des négociations qu'il avait eu, pendant trois ans, avec les autorités algériennes ». La cause : le problème d'accès au foncier industriel. Du coup, l'Algérie enregistre une perte sèche de 600 millions d'euros (coût de l'investissement de Renault au Maroc), une production estimée à 200 000 véhicules/an et des milliers d'emplois directs et indirects. Ce n'est pas tout. Ayant caressé, pour une longue période, le rêve d'avoir la première voiture « made in Algeria » en lançant le projet Fatia (Fabrication automobile de Tiaret), l'Algérie perd à nouveau espoir en voyant cet « ambitieux » projet enterré définitivement en juillet 2007. L'incohérence entre le discours officiel et le manque de stratégie des pouvoirs publics dans ce domaine est, plus que jamais, confirmée. Les résultats sont connus : l'Algérie importe annuellement, selon le ministre des Finances, Karim Djoudi, l'équivalent de 2,8 milliards de dollars, une somme qui représente 10% des importations du pays et les concessionnaires y écoulent plus de 200 000 véhicules par an. Une somme qui pèse lourd sur le budget de l'Etat. Et en cette période de crise financière mondiale, les pouvoirs publics regretteront leur manque de visibilité et l'inexistence d'une stratégie claire.