Les prix du pétrole étaient hier en réelle dégringolade sur les marchés asiatiques et européens. Pour la première fois depuis bien longtemps, le brut est passé brièvement hier sous le seuil des 60 dollars le baril à Londres, bien loin de son record de 147 dollars en juillet, malgré l'annonce d'une baisse de production de l'Opep de 1,5 million de barils/jour à compter de novembre. Le cours du brent de la mer du Nord pour livraison en décembre est tombé dans la matinée d'hier jusqu'à 59,02 dollars sur l'Intercontinental Exchange de Londres, redescendant ainsi à ses plus bas niveaux en séance depuis février 2007. Au même moment, le cours du baril de light sweet crude pour la même échéance est tombé jusqu'à 61,30 dollars sur le New York Mercantile Exchange, son plus bas niveau depuis mai 2007. La chute des cours est propulsée notamment par les craintes d'une chute de la demande mondiale en raison de la détérioration de la situation économique. Selon les experts, cette nouvelle chute représente bel et bien un premier indicateur de la récession et un signal de risque et non des moindres pour les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep). A en croire les analystes des questions énergétiques, la contagion de la crise financière mondiale rend les pays producteurs d'hydrocarbures incapables d'avoir une influence sur les prix du pétrole, qu'ils auront d'ailleurs du mal à soutenir. Les investisseurs, eux, sont sérieusement préoccupés par l'état de santé de l'économie mondiale et craignent une chute notable de la demande en pétrole. La barrière psychologique des 60 dollars le baril étant franchie, le prochain seuil de résistance, d'après les mêmes analystes, se situe à 56,10 dollars, le niveau des prix en mars 2007. Les niveaux plancher de l'année dernière qui s'étaient établis à 49,90 dollars sont à prendre également en compte dans le calcul des futures prévisions. L'Opep, qui se permettait jusqu'ici des demi-mesures pour contrecarrer la baisse brutale des prix du pétrole, est appelée plus que jamais à aller vers une définition plus rigoureuse des quotas et l'adoption d'un prix plancher, car les observateurs craignent une longue période de dépression économique capable d'entraîner une baisse considérable de la demande pétrolière mondiale, non seulement dans la zone OCDE, mais aussi en Chine, en Inde et ailleurs. Il y a quelque mois, le stratégiste Albert Edwards, de Société Générale, avait prédit une récession mondiale et un baril de pétrole à 60 dollars, alors qu'il grimpait vers les 150 dollars. Le Footsie 100, indice vedette de la Bourse de Londres, était à 3665 points, le pétrole à moins de 60 dollars et l'euro s'enfonçait en passant sous 1,24 dollar. Pour la première fois depuis le 16 mars 2007, les cours de l'or noir chutaient ainsi, contre toute attente, sous la barre des 60 dollars le baril. Depuis leurs records du mois de juillet où ils s'étaient hissés à plus de 147 dollars à Londres comme à New York, les cours du brut ont fondu comme neige au soleil. A l'origine de cet affaissement figurent notamment les craintes d'une chute de la demande sur fond de risque de récession entraînée par la crise financière internationale ; l'effondrement des cours s'explique aussi par les prévisions d'une forte appréciation du dollar face à la monnaie unique.