La grève des enseignants du secondaire, initiée par le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), a paralysé hier la majorité des lycées du pays. Si l'on en croit M. Boudina, porte-parole de cette organisation syndicale, le taux de suivi de la grève a atteint, pour la journée d'hier, 85%. Un chiffre contesté, bien évidemment, par le département de M. Benbouzid qui avance, quant à lui, un taux bien en deçà de la moyenne. Au ministère, l'on parle uniquement de 17,2%. Cette première action, qui, dit-on, inaugure une longue série de protestations pour cette rentrée sociale, est qualifiée de réussite par ses auteurs. Une réussite qui donnera, de leur point de vue, à réfléchir aux pouvoirs publics. En tout cas, les grévistes soutiennent que si l'Etat veut avoir un enseignement de qualité et une école assise sur de bonnes bases, il est impératif de mieux considérer l'enseignant. Bien qu'hier les établissements acquis au CLA et au Snapest n'aient pas suivi le mouvement de débrayage, le Cnapest – du fait qu'il possède une bonne base à travers le pays – est parvenu à mobiliser pas mal de monde. Le débrayage a paralysé à 100% un certain nombre de lycées, ce qui a poussé les chefs d'établissement à renvoyer les élèves chez eux. d'autres directeurs ont choisi de les garder sans que les cours ne soient prodigués. Dans le reste des établissements, le taux de suivi était mitigé. Les wilayas qui ont enregistré le taux de suivi le plus élevé sont Bouira avec 95%, Tizi Ouzou 93%, Boumerdès 90%, Béjaïa 85%, Sétif 70%. Alger et Oran ont enregistré des taux relativement faibles avec respectivement 50% et 20%. Les arguments des uns et des autres De son côté, le ministère de l'Education ne s'est pas empêché de faire son propre décompte qui va à contresens de celui avancé par les responsables du syndicat. Ainsi, selon M. Khaldi, le pic a été atteint à Tizi Ouzou avec seulement 45% du taux de suivi, alors que dans les autres régions, le taux n'a pas dépassé les 20%, avec dans le lot un taux de suivi de 7,36% à Alger, 3,34% à Oran, 15,01 à Sétif, 16% à Constantine. M. Boudina est convaincu que le ministère ne pas dit pas toute la vérité sur la grève. « Le département de Benbouzid a pris en considération les trois cycles : primaire, moyen et secondaire dans le calcul du taux de suivi, alors que le Cnapest est un syndicat qui défend les professeurs de l'enseignement secondaire. Certes, nous ambitionnons d'élargir notre couverture aux autres cycles, mais pour l'heure elle ne figure pas parmi nos priorités », a soutenu M. Boudina qui a tenu à préciser que lors de la rencontre qui les a regroupés avec les responsables du ministère, ces derniers ont affiché une incapacité à prendre en charge les doléances des travailleurs de l'éducation d'où le maintien du débrayage. Il est à rappeler que les enseignants revendiquent la promulgation des statuts particuliers conformément aux revendications des travailleurs de la fonction publique, la promulgation du régime indemnitaire avant la fin de l'année en cours et son application avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008 et enfin la revalorisation du point indiciaire, comme le stipule l'article 08 du décret présidentiel n°766304 du 29 septembre 2007 et l'indexation des salaires sur le pouvoir d'achat. « Le ministère de l'Education n'a rien fait pour les travailleurs de son secteur. Il ne nous a remis ni l'avant-projet du statut ni les données sur le régime indemnitaire », a ajouté M. Boudina. Pour se défendre, M. Khaldi a rétorqué que le statut particulier de l'enseignant a été élaboré avec la participation de l'ensemble des organisations syndicales. « Ce statut est important puisqu'il permet d'assurer le plan de carrière de l'ensemble du corps de l'éducation, notamment les enseignants. Il a aussi amélioré la classification de tous les travailleurs, particulièrement les enseignants, et il va également apporter un plus en matière de salaires. Ceci est connu de la part des enseignants », a plaidé M. Khaldi, qui a fait observer que le dossier du régime indemnitaire concerne tous les secteurs de la fonction publique. « Nous n'avons pas une idée sur ce dossier qui ne sera ouvert qu'après l'adoption des statuts des différents secteurs de la fonction publique », a ajouté notre interlocuteur. Par ailleurs, les enseignants activant sous la houlette du Cnapest comptent rallier à leur cause, aujourd'hui, deuxième journée de grève, tous les enseignants qui ont peur des représailles ; ils envisagent en outre de maintenir la pression jusqu'à satisfaction de leurs revendications.