« Entre un projet de la greffe rénale qui laisse à espérer un lancement réel et effectif en Algérie, l'arrêt des transferts vers l'étranger et les conditions de prises en charge déplorables, les insuffisants rénaux se trouvent pris en otages dans l'attente d'une délivrance divine », explique M. Benkadour, SG de l'association des insuffisants rénaux et des transplantés d'Oran. L'association compte 540 malades, un chiffre constamment en hausse car cette dernière reçoit chaque année de nouveaux adhérents qui passent du stade aigu au stade chronique de leur insuffisance rénale. « Ils étaient une trentaine cette année à franchir ce pas de la chronicité », ajoute-t-il. Le bénévolat comme seul soutien Mais, parce qu'elle n'est pas une maladie comme les autres et vu sa chronicité, sa lourdeur et sa gravité, l'insuffisance rénale peut aussi tuer. De cause directe ou indirecte, chaque année, des malades succombent après de longues années de combat acharné contre la maladie, mais également contre les conditions difficiles de se prendre en charge sur les différents plans médical, psychologique, social et professionnel. Depuis le début de l'année, « l'association a enregistré le funeste bilan d'une douzaine de décès parmi ses malades adhérents », apprend-on de M. Benkadour. L'âge des malades décédés va de 26 et 70 ans. Les causes cliniques directes avancées par les praticiens sont généralement les complications cardiaques et la cirrhose du foie. Cependant, « ces complications et pathologies ne sont que le résultat de l'évolution de la maladie sur l'organisme de son porteur si ce dernier ne bénéficie pas d'une prise en charge complète », explique un praticien.En effet, « une prise en charge complète de l'insuffisant rénal chronique se fait par un suivi rigoureux des séances d'hémodialyse dans des conditions d'asepsie et avec des produits sans effets secondaires sur son état de santé et sans risque de contamination par d'autres infections. Cela nécessite également un suivi médical pour prévenir l'atteinte par d'autres pathologies aussi graves et mortelles comme les cardiopathies, les atteintes du foie... », ajoute-t-il. Les problèmes posés par les malades et leur association restent la saturation des unités d'hémodialyse et le volet social qui fait défaut. Le SG de l'association affirme que « 90% des malades sont des démunis et relèvent d'un cadre social précaire. Nos malades sont des chômeurs, des retraités, des femmes au foyer sans aucune ressource matérielle, d'où la difficulté de se prendre en charge sans aucune aide sociale. » La carte de tous les espoirs Il faut dire que, pour obtenir la fameuse carte de démuni, il faut passer des mois, voire des années afin de répondre à la lenteur administrative et aux nombreuses démarches imposées au malade. Cependant, un malade en état d'urgence ne peut attendre des mois et des années pour être pris en considération et être soigné », conclut M. Benkadour. Notons que la carte de démuni, délivré par la DAS, permet d'obtenir un numéro de sécurité social et une carte de malade chronique de la CNAS. Cette dernière lui permet d'avoir accès aux soins médicaux, à titre gratuit, au niveau des services du CHUO ou des cliniques privées conventionnées avec la CNAS. L'espoir des 540 insuffisants rénaux déclarés à Oran est de pouvoir, un jour, bénéficier de la greffe rénale. Le rêve de chacun de retrouver une vie normale sans la peur du spectre de la mort. Il est temps de penser concrètement à relancer le projet de la greffe rénale sans se limiter à des campagnes de propagande et des fausses promesses.