On ne parle apparemment jamais assez du calvaire des insuffisants rénaux, leurs SOS répétés ne suscitant pas l'écho espéré. Le dernier a été lancé hier par le président de la Fédération nationale des insuffisants rénaux, lequel a affirmé qu'outre les innombrables problèmes auxquels ils font face, 60 % d'entre eux sont contaminés par les hépatites B et C dans les structures d'hémodialyse. Ce qui lui fait assimiler certaines de ces dernières à des «mouroirs». Soixante pour cent (60%) des insuffisants rénaux sont contaminés par les hépatites B et C dans les structures d'hémodialyse. Le programme de greffe rénale est actuellement à l'arrêt en raison de la pénurie de médicaments. Le dossier médical est inexistant. C'est en gros ce qu'a dénoncé, hier, Mohamed Boukhors, président de la Fédération nationale des insuffisants rénaux au Forum d'El Moudjahid, lors d'une conférence de presse organisée par l'association SOS Hépatites. «13 000 dialysés ne possèdent pas de dossier médical. C'est pourquoi, aucune traçabilité n'est possible pour prendre réellement en charge ces malades», a-t-il ajouté. Pour étayer ses propos, il citera le cas de Hiba Bouaza, cette fillette de 8 ans, dialysée depuis 4 ans et qui nécessite une greffe de rein, alors qu'elle ne possède même pas de dossier médical. Bien sûr, Hiba n'est pas la seule malade à connaître ce genre de problème. «La situation des insuffisants rénaux est alarmante et même tragique, le piètre résultat obtenu est confirmé par la réalité du terrain.» M. Boukhors a qualifié certaines cliniques d'hémodialyse de «mouroirs» où des patients ont été contaminés par les hépatites B et C. Cette situation est due à la méconnaissance des divers mécanismes de traitement de cette maladie sournoise qui nécessite une lourde prise en charge. Il a dénoncé également «l'inadéquation du protocole de dialyse dispensé dans certaines unités de dialyse étatiques et privées : la diminution du temps de traitement, l'utilisation de rein artificiel non conforme à la norme, de consommables inadéquats pour les enfants, la non-prescription de l'hormone de croissance aux enfants dialysés...». Plus loin, il a dénoncé le laxisme des autorités concernées, en l'occurrence le ministère de la Santé pour avoir laissé certains malades livrés à eux-mêmes, alors que d'autres décèdent faute de prise en charge. M. Boukhors, qui n'a pas pu retenir ses larmes, dira : «Les décès sont passés sous silence (…) et une connexion corporatiste s'est tissée autour de ce malade devenu un fonds de commerce pour bon nombre d'affairistes de tous bords (médecins compris).» Pour sa part, le président de «SOS, hépatites virales» et membre du réseau des associations des malades chroniques, Abdelhamid Bouallag, a fait brièvement un état des lieux sur la situation de la santé en Algérie «Il y a une véritable dégradation de l'état de santé des malades, en particulier ceux atteints de maladies chroniques.» Le budget mis en place par l'Etat pour le secteur de la santé a été consacré uniquement à la réhabilitation des établissements hospitaliers. En réalité, les malades souffrent énormément du manque de prise en charge au niveau des structures sanitaires. «Certains attendent la mort». Il a cité entre autres le manque de réactifs nécessaires pour le diagnostic des maladies telles que les hépatites B et C, la pénurie de médicaments nécessaires au traitement de la maladie, les appareillages spéciaux pour les examens complémentaires...