Qu'est donc réellement le langage pictural pour que le simple fait d'en effleurer la texture, même superficiellement, nous ouvre des gouffres inexplorés ? Et ces gouffres, ont été justement explorées pour nous, par cinq femmes, qui ont interrogé les arcanes des musées et les profondeurs des toiles, imaginant une langue capable de donner un sens, non plus dans un rapport extérieur et imparfait, arbitraire, unissant illusoirement le signifiant au signifié, mais dans une incomparable investiture, par des formes et des couleurs magiques, celles qui racontent la réalité, la nôtre. Dans une ville où n'existe aucune galerie d'art, aller voir par bonheur une exposition de tableaux comme sortie du néant, et qui plus est, peints par des femmes, est une chose qui ne peut tenir que du merveilleux et même du sublime, dirions-nous ; nous parlions de celle organisée au palais de la culture Malek Haddad, proposant des oeuvres chatoyantes à souhait, nous submergeant de leur mouvement virevoltant, tendu vers une esthétique coruscante. Le hall du palais était donc paré comme jamais, une ambiance heureuse y régnait, à l'occasion de la tenue du 1e festival national de poésie féminine. Latifa Boulfoul, dont les pinceaux ont pignon sur notre être, profondeurs insondables,clame que « l'art nous éclaire sur nos terreurs face à la vie ». Et c'est à Halima Lamine de rétorquer : « Je deviens un moi », oui un « moi » qui loin d'être sublimé, prend forme et s'affirme en « un moi-corps-peint ». Mimia Lichani, qui se démène, quant à elle, pour ouvrir une galerie d'art à Constantine, dévoile en quelques tableaux, une approche esthétique des plus raffinées, un art créatif qui provient « des couleurs de (ses) songes, du chant de (ses) amours et du cri de (ses) révoltes ». Pour sa part, notre collègue Souheïla Millari, caricaturiste à El Watan, a exposé quelques dessins formidables d'ampleur, et surtout de fraîcheur, comme peuvent le montrer les évanescentes aquarelles ; son travail peut être interprété comme une célébration de l'éveil de la conscience à la liberté créatrice. Dessiner une forme permet, pour elle, « de dépasser les obstacles et d'aller de l'avant ». Yasmina Saâdoune, dont l'art lui « a appris à grimper à l'arbre des émotions et (l)'a fait entrer au paradis de la sensibilité », développe une approche artistique d'une rare beauté et qui dénote d'une grande sensibilité. Comme quoi, cette exposition qui a rassemblé cinq artistes femmes, un événement très rare, a donné du baume au cœur, avec de merveilleux rayons de soleil.