Les amendements apportés à la Constitution de 1996 consacrent le « retour à la période d'avant 5 octobre 1988 ». Le constat émane de Boudjemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH). Pour cet avocat et défenseur des droits de l'homme, le véritable objectif de cette révision est celui de permettre au président Bouteflika de briguer un troisième mandat. La modification apportée à l'article 74, mettant fin à la délimitation du nombre de mandats présidentiels, le prouve bien. Cet amendement porte atteinte, à ses yeux, au principe de l'alternance au pouvoir « acquis après une longue lutte et de lourds sacrifices » des militants pour la démocratie et des droits de l'homme. « C'est le retour à la case départ », regrette-t-il, précisant dans ce sillage que la limitation du nombre de mandats présidentiels était une « garantie pour l'alternance au pouvoir ». M. Ghechir estime que « vu le niveau de la culture politique en Algérie, la démocratie naissante a besoin de garde-fous ». Les autres amendements relatifs à la promotion des droits politiques de la femme, à la protection des symboles de la révolution, à la promotion de l'écriture de l'histoire et à la précision et clarification des rapports entre les constituants du pouvoir exécutif ne sont, d'après lui, qu'une « couverture » au véritable dessein de cette révision, à savoir un règne à vie pour le président Bouteflika. Il estime, en effet, que la promotion des droits de la femme « ne nécessite pas d'être constitutionalisée ». Cela pouvait être arrangé dans la loi électorale, par exemple. Il en est de même pour la protection du drapeau et de l'hymne national. Cela pouvait être garanti à travers d'autres lois, sans recourir à l'amendement de la Loi fondamentale. Le président de la LADH est convaincu que ces amendements relèvent du « populisme » et de la « démagogie » qui visent à capter l'électorat féminin et à gagner l'ensemble de la famille révolutionnaire. Pour M. Ghechir, les amendements qui devaient être sont « ceux qui assureraient l'équilibre entre le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire, ceux qui donneraient la possibilité aux citoyens de saisir le Conseil constitutionnel lorsqu'une loi n'est pas conforme à la Constitution, ceux qui vont consacrer plus de libertés, de justice et de démocratie, ceux qui vont renforcer la protection des droits de l'homme, du droit des citoyens ». M. Ghechir précise, dans le même contexte, que « le citoyen ne sent pas la justice, que cette dernière n'est pas calculée en termes d'affaires jugées ».