Ce mercredi 5 novembre, comme prévu, le monde entier se réveille avec une « révolution », le nouveau président des USA n'est ni un blanc, ni un conservateur, ni un politicien. Pour la première fois dans l'histoire, un métis, soucieux de changer en bien les USA et le monde sera à la tête de la première puissance mondiale. Barak Obama a su transcender tous les clivages. Vingt ans après la chute du mur de Berlin, les USA ont échoué sur tous les plans : débâcle en Irak et en Afghanistan, récession économique, aggravation du désordre mondial, discrédit moral sans précédent. Après deux siècles de montée en puissance, certains considèrent que la décadence impériale des USA a commencé. Nous sommes entrés dans un nouveau cycle de l'histoire. Le bilan de Bush, le plus catastrophique de la riche histoire des USA, a accéléré la décadence. Barak Obama est élu pour corriger cet état de fait. Le système américain, le complexe militaro-industriel et les forces conservatrices vont-ils permettre à ce nouveau président de changer, en partie au moins, les données sur le fond ? Changer l'image des USA et consolider sa position de première puissance sur des bases intelligentes est sa tâche première. Cela doit passer avant tout par la correction de la politique extérieure. Car elle a des répercussions directes sur la stabilité du monde. Les arabes, les musulmans, vont-ils bénéficier des bienfaits de ce changement ? D'autant que la question de la cause palestinienne reste au centre des enjeux de l'avenir des relations internationales. La réponse à cette question dépend en termes stratégiques de trois facteurs. Le premier est le degré de prise de conscience par l'establishment, les décideurs américains, des impasses dans lesquelles se trouvent les USA et le monde. Le deuxième est la capacité des autres puissances, Union européenne, Russie, Chine, à peser pour que le multilatéralisme l'emporte sur l'unilatéralisme. Le troisième dépend de la stratégie, ou absence de stratégie, des arabes et musulmans pour se reformer et se faire entendre. Le monde musulman est considéré depuis vingt ans, après la guerre froide et plus encore après le 11 septembre, comme le nouvel ennemi. C'est cela qui doit changer. De menace pour le monde, on doit passer à chance. Le monde moderne est dans l'impasse, même s'il a encore de beaux jours devant lui. Le libéralisme, sauvage, la techno-science au service de la loi du plus fort et l'occidentalisation forcée ont produit une mondialisation de l'insécurité, des déséquilibres et des formes de déshumanisation. En pratiquant l'islamophobie, l'Occident fragilise sa propre stabilité. Si le monde arabe arrive à défendre le droit à la différence sur le plan civilisationnel en s'inscrivant dans l'universel et régler la question palestinienne sur le plan politique, c'est l'humanité qui sera gagnante. Mais l'archaïsme, la passivité des sociétés arabes et les réactions irrationnelles face aux agressions amènent de l'eau au moulin des islamophobes qui prônent le choc des civilisations pour faire diversion, vision à courte vue. Pour bénéficier des effets du changement politique aux USA, il est impérieux de se reformer, de communiquer, de dialoguer pour corriger notre image désastreuse et contribuer à instaurer un ordre international juste et une nouvelle civilisation qui fait défaut. Il n'y a pas d'alternative sage pour mettre fin aux incompréhensions, aux injustices, corriger l'image désastreuse des croyants et contrecarrer les dérives. Dialoguer n'est pas naïf, comme le savaient si bien Ibn Rochd, Ibn Khaldoun et l'Emir Abdelkader. Car il s'agit de démasquer et contrecarrer des situations de désinformation, de domination, de diversion et de clarifier des problématiques et enjeux. Le but est d'éveiller les consciences et de soutenir la cause juste des résistances des peuples, comme en palestine. Se taire, c'est participer à la lassitude ou, pire, à la trahison des clercs et aux nouvelles formes de « colonisabilité ». Tenter d'empêcher que l'isolement, la régression et le déclin de nos sociétés ne s'aggravent passe par la priorité donnée au capital humain, à la formation d'un citoyen responsable, fier de ses racines et ouvert sur le monde. Ce qui peut commencer à changer est une opportunité, en sachant que les islamophobes ne désarmeront pas facilement, cherchant à saboter tout rapprochement. Reste à changer en nous-mêmes, dans la vigilance. Ancien ministre et philosophe, spécialiste en relations internationales