Qu'ils soient moniteurs ou candidats à l'obtention du permis de conduire, tout le monde fait le même constat : le terrain du « circuit » de la ville de Sidi Aïch, déjà très restreint par rapport au nombre important des auto-écoles et des candidats qui y effectuent leurs cours, laisse à désirer. D'abord par son état de délabrement et la présence de débris de bouteilles de boissons alcoolysées éparpillés mais surtout par son implantation tout près de la route nationale, ce qui met en péril la vie des candidats novices. Un des nombreux moniteurs présents sur le terrain ne cache pas sa désolation. « Voyez par vous-même, nous travaillons dans des conditions inadmissibles où règnent la précarité, le manque de moyens et l'insécurité. Nous avons saisi, à maintes reprises, les autorités compétentes et directement concernées mais aucune oreille ne nous a été prêtée » se plaint-il. M. Benkolai, président du syndicat des auto-écoles de la wilaya de Béjaïa, nous informe que « la wilaya de Béjaïa qui comptait 75 auto-écoles disposant de plus de 22 circuits en 1986, se retrouve aujourd'hui avec seulement 9 circuits pour plus de 170 auto-écoles que compte la wilaya. Ceci est la résultante d'une opération de centralisation appliquée à partir de 1990 par le ministère du Transport ». Notre interlocuteur affirme qu'il a été débattu du problème lors d'une réunion avec les autorités de wilaya qui auraient promis des enveloppes financières pour la prise en charge des circuits. « Depuis, aucun acte n'a été joint à la parole » se désole M. Benkolai qui estime que « le circuit de Sidi-Aïch est saturé et exigu » et que « la décentralisation des circuits est une nécessité ». Actuellement, la région de Sidi-Aïch compte un nombre approximatif de 22 auto-écoles qui se disputent un terrain non seulement peu commode, mais « qui appartient à la société Les Moulins de la Soummam/Spa ERIAD Sétif » selon un ancien moniteur du circuit. à proximité de ce circuit se trouve pourtant un espace que les moniteurs souhaitent pouvoir exploiter. En effet, à trois mètres du périmètre du circuit se situe le marché hebdomadaire de la commune, s'étalant sur un espace grand comme un terrain de football et qui n'est occupé que deux jours par semaine. Interrogé sur ce point, M. Benkolai confirme avoir proposé avec le collectif des moniteurs la délocalisation du circuit à l'intérieur du marché pour une exploitation de trois jours par semaine. « On nous avance comme excuse une contrainte d'ordre foncier et on nous maintient dans une situation anarchique. Pourtant, nous sommes des prestataires de services qui sommes à jour quant à nos redevances » s'exclame-t-il. Les élèves se plaignent aussi des conditions dans lesquelles se déroule l'apprentissage de la conduite. « Il n'existe aucun abribus, encore moins des sanitaires. pourtant une tranche importante des candidats sont de la gent féminine. De plus, l'endroit étant isolé de la ville je me fais escorter, à chaque fois, par quelqu'un de la famille » nous dit une élève. Notons qu'une grève de 13 jours a été observée l'année précédente par les moniteurs, suivie d'une semaine de travail dépourvue d'examens en signe de protestation et d'appui à une plateforme de revendications. Il a été demandé, pour rappel, l'arrêt d'attribution des agréments pour les nouveaux moniteurs jusqu'à la décentralisation et aménagements des circuits.