Le gel de la grève générale prévue aujourd'hui, sur insistance du patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, n'aura servi à rien. Les autorités ont préféré passer outre les revendications des syndicalistes, représentés par la Coordination nationale des entreprises portuaires, en signant 24 heures plus tard un accord avec l'émirati World Dubai Port (WDP) pour la gestion des ports d'Alger et de Djendjen, à Jijel. Les syndicalistes estiment que le gouvernement « a violé » tous les engagements, qu'il a signés, relatifs à l'implication du partenaire social dans tous les projets de partenariat et « coupé » toute possibilité de dialogue. « La seule voie qui nous reste est celle de la protestation », déclare M. Abbès, secrétaire général du syndicat du port d'Alger. Il rappelle la promesse de Sidi Saïd de trouver un « consensus » pour le gel de ce partenariat. « L'Emirati a pris les activités les plus rentables du port d'Alger, à savoir le terminal des containers et le môle 17, qui accueille quotidiennement jusqu'à 14 navires. A elles seules, ces deux entités commerciales représentent plus de 70% de l'activité du port. Sur les 12 000 dockers, seulement 300 seront maintenus et sur les 3600 travailleurs portuaires, 668 garderont leur emploi. Nous rejetons catégoriquement ce partenariat », note M. Abbès. Ce dernier estime que l'accord avec les Emiratis a été signé sans la présence des syndicats, lesquels ont exprimé par écrit leurs réserves. Celles-ci se résument en le non-respect des droits sociaux et de la législation du travail, de la résolution du conseil de participation relative au dialogue avec le partenaire social, du procès-verbal de la réunion entre le ministre des Transports et deux secrétaires nationaux de l'UGTA et des représentants de la Coordination nationale des syndicats des ports. M. Abbès précise en outre que le projet de partenariat n'a même pas été remis à temps aux syndicalistes. Il précise que le syndicat a « été pris de court, le 27 octobre dernier, lorsque nous avons reçu la convocation pour la réunion du conseil d'administration (CA) de l'EPAL qui fait mention que le dossier de partenariat sera remis séance tenante. Nous nous sommes donc retirés de la réunion en remettant nos réserves par écrit. Mais à notre surprise, nous avons découvert que la résolution du CA fait état de son adoption à l'unanimité. C'est une grave décision qui dénote le dénigrement affiché à l'égard des syndicats. Nous lançons aujourd'hui un véritable cri du cœur à l'adresse du président de la République, l'exhortant à revoir cet accord de partenariat qui va mettre des milliers de travailleurs au chômage ». M. Abbès avertit les pouvoirs publics sur « les conséquences » d'un tel accord. « Une assemblée générale de la Coordination nationale des syndicats des dix ports est déjà prévue pour samedi prochain à Alger, où il sera question de préparer la riposte. Nous n'allons pas nous taire et laisser des milliers de pères de famille livrés au chômage », conclut le syndicaliste. Désabusée pour la énième fois par les promesses non tenues du patron de la centrale syndicale, la coordination nationale, mise devant le fait accompli, va-t-elle cette fois pouvoir se mobiliser pour arracher ses revendications socioprofessionnelles ? La réponse sera connue samedi prochain.