Ces bénéfices, qui se réalisaient au détriment des règles de sécurité de construction et parfois des consignes d'hygiène concernant l'environnement, continuent malheureusement de constituer la première caractéristique des centaines de cités érigées à la hâte. Si à Constantine, particulièrement dans les vieux quartiers, la mauvaise gestion des eaux usées et de l'eau potable a été mise sur le dos de la vétusté du réseau d'assainissement qui date, en certains lieux, de la période coloniale, on ne peut en aucune manière expliquer ce dérapage dans certains quartiers qui n'ont pas encore complété cinq ans d'existence. Les exemples les plus illustratifs sont encore une fois ces nouvelles cités : la mégacité Ali Mendjeli et la cité CNEP-Boussouf. Plusieurs personnes habitant ces deux quartiers et bien d'autres cités nous ont fait part de leur lassitude quant à cette insupportable situation. L'odeur et la saleté provoquées par la remontée des eaux usées et leur stagnation au niveau des caves sont devenues un vrai supplice. Ces eaux douteuses se déversent parfois en pleine nature, car les réseaux sont restés souvent inachevés, alors que leur complète installation est exigée dans le cahier des charges. Des habitants de la cité Boussouf nous diront : « Nous nous battons pour que notre cité puisse avoir un semblant de quartier respectable. Comment peut-on vivre dans des immeubles dont les caves sont remplies d'eaux nauséabondes ? C'est tout simplement invivable. » A la cité Ali Mendjeli, les gens ne cessent d'être surpris par la qualité de certaines constructions et doutent de l'« efficacité » des réseaux d'assainissement au niveau des immeubles eux-mêmes. Des conduites qui se bouchent très vite, causant par la même occasion des désagréments aux locataires, sans compter les répercussions négatives sur la santé. L'hygiène y est parfois plus que déplorable, et les habitants ne peuvent que regretter que peu de solutions soient à leur portée. Certains prennent les choses en main et effectuent les changements nécessaires sans attendre l'intervention des services concernés. D'autres préfèrent attendre et subir. Malheureusement, ces pratiques ne risquent pas de disparaître tant que les services de contrôle se montreront indulgents avec ce genre d'omissions souvent volontaires.