Projections, colloques, rencontres : le Festival de Salonique n'omet pas de défricher en présence de cinéastes, producteurs, journalistes invités du Moyen-Orient la complexité du cinéma dans cette région, où les tensions poussent paradoxalement les cinéastes à être plus dynamiques et plus inventifs comme c'est le cas de la Palestine. Le Festival de Salonique dirigé par Despina Mouzaki, blonde dynamique productrice, est dédié aussi au cinéma des Balkans. Avant même que le Festival de Cannes ne découvre le nouveau cinéma roumain, on pouvait voir à Salonique les dernières productions des studios de Bucarest. Depuis des années, c'est à Salonique qu'on établit des contacts avec les cinéastes et leurs films venus de Serbie, Croatie, Albanie, Turquie, Hongrie... Le festival réserve aussi un fonds d'aide important à la production cinématographique de cette région. Cela dit, le Festival de Salonique n'omet pas de son programme les autres régions du monde... Le célèbre Japonais, Takeshi Kitano, sera présent avec ses films, comme le Brésilien Salles et Les Belges Dardenne auxquels une rétrospective est annoncée. L'indéniable rebond ces derniers temps du cinéma grec, avec une dynamique nouvelle génération, occupera comme tous les ans une grande place dans le programme. Les grosses productions américaines squattent en Grèce comme partout les écrans, mais de plus en plus, le public cherche à voir le cinéma national, une manière aussi de fuir les sous-titres (en Grèce aucun film étranger n'est doublé). Plusieurs productions nationales ont connu un succès phénoménal, plusieurs millions d'entrées dans le cas de la superproduction de Iannis Smaragdis consacrée à la vie tumultueuse du grand peintre grec El Gréco, au XVIe siècle, entre la Crète, Venise et Tolède. Ce film a fait l'an dernier l'ouverture du 48e Festival de Salonique. Ensuite, on l'a retrouvé au Festival de Toronto en septembre dernier attirant des salles combles au complexe Varsity. D'autres productions nationales, surtout des comédies, ont connu un excellent box-office dans les salles d'Athènes et du reste du pays. Afin de soutenir cette production nationale de mieux en mieux appréciée par le public et qui est défendue depuis des décennies par le Festival de Salonique (à ses débuts, c'était un festival national dont l'historique aventure avait commencé au sein de la Foire internationale de Salonique), soutien permanent du cinéma, une grande commission présidée par Costa Gavras vient de déposer au Parlement d'Athènes un projet de loi qui demande : le soutien de l'Etat aux jeunes réalisateurs, la mise en place d'une taxe sur les bénéfices des chaînes de télévision au profit du cinéma national, la retenue sur les billets d'entrée pour permettre aux producteurs d'investir davantage. Cet été, à la Mostra de Venise, on avait regretté l'absence du programme du dernier film, un moment pourtant annoncé de Théo Angelopoulos. On le verra sûrement sur les écrans grecs cet automne.