Sous le signe de la coopération Suisse-Maghreb, 25 cinéastes d'Algérie, de Tunisie et du Maroc ont participé au 58e Festival du film de Locarno. Malgré les difficultés économiques et le manque de moyens, le cinéma maghrébin fait preuve d'un grand dynamisme. A l'image du cinéaste Mohamed Asli qui a fondé, en collaboration avec la Luce italienne, M. Kanzaman (il était une fois) une grande école de cinéma à Ouarzarate dans le sud du Maroc. Mohamed Asli accueille une centaine de jeunes étudiants, filles et garçons, pour leur enseigner les métiers du 7e art. Kanzaman mise sur l'avenir et demeure à l'écart de toute visée commerciale. Le cinéma algérien, pour sa part, revient pour la seconde fois à Locarno après la rétrospective organisée ici même en 1980 en présence d'Assia Djabar et d'Ahmed Bedjaoui. Les films maghrébins ont suscité un réel intérêt du public du festival de Locarno. Même si la presse suisse n'a pas consacré la place qu'il fallait à un tel évènement. Visant on ne sait quel objectif, le quotidien du Milan Correrre della Sera, pour sa part, a fait un rapprochement inattendu dans son édition du jeudi 11 août en qualifiant carrément les 25 cinéastes maghrébins de « cinéastes islamistes » (islamisti) ! Grossière affabulation de la part d'un journal connu pour son sérieux. Certes le mot « islamisti » prolifère aujourd'hui dans les médias italiens, mais dans ce cas précis cela dépasse le sujet et les bornes... Il est aussi nécessaire de nuancer les propos à l'emporte-pièce de Lucia Milarroto, responsable côté suisse de la manifestation, qui déclarait au quotidien du festival (Parde News du 13 août) que c'est la première fois (grâce à elle !) que les films maghrébins sont vus à l'étranger... Excès de langage, source de grave erreur ! Car le cinéma maghrébin n'est pas né de la dernière pluie, les œuvres ont sillonné déjà le monde entier et ce serait dommage de faire croire au public suisse qu'il est le premier et le seul à le découvrir. Cela dit, les films maghrébins montrés ici et les projets exposés lors d'une table ronde ont-ils suscité l'intérêt des distributeurs et des producteurs suisses, sachant que les circuits de ce petit pays préfèrent comme partout les grosses machines américaines ? Peu de cinéastes maghrébins parlent d'un véritable engouement. Mais ce genre de contacts sont complexes et les délais pour aboutir à des accords singulièrement longs.Toutefois, le 58e festival de Locarno restera marqué par une présence maghrébine en force. Dans le contexte de crise internationale actuelle, le travail fait à Locarno peut porter ses fruits.