L'immeuble portant le numéro neuf, situé rue Jean Jaurès dans le quartier populaire de Bab El Oued, s'est partiellement effondré hier matin vers 7h. L'effondrement a provoqué la mort d'un habitant âgé de 39 ans. Ce jour restera gravé dans la mémoire des seize familles que l'immeuble abrite depuis longtemps. Réveillés en sursaut et alertés par l'étrange bruit du craquement des murs et des planchers, les habitants se sont rués vers la sortie, ce qui leur a sauvé la vie. «Au début, j'ai cru qu'il s'agissait d'un séisme. Mais, dès que j'ai senti que le plancher allait céder sous mes pieds, j'ai vite alerté ma famille. Nous nous sommes tous précipités vers la sortie», déclare l'un des habitants, furieux et toujours sous le choc. Les services de la Protection civile ont procédé rapidement à l'évacuation du bâtiment. L'effondrement n'aura fait qu'une victime. Les éléments de la Protection civile sont parvenus à retirer le corps du défunt des décombres vers 10h. Il a directement été transporté vers l'hôpital Lamine Debaghine (ex-Maillot). D'après les habitants, quatre dalles se sont écroulées dans un terrible craquement à partir du cinquième étage jusqu'au deuxième, écrasant une dizaine d'appartements. Le toit de l'immeuble, aménagé en habitation par une famille, n'a pas échappé à cette catastrophe. Lors de notre visite sur les lieux, nous avons constaté que les locataires n'avaient toujours pas quitté le quartier. Ils se sont abrités dans l'immeuble faisant face à leur ancienne bâtisse, dont l'état n'est guère meilleur. «C'est une fatalité ! Cet immeuble est une vraie menace pour nos vies», dira une habitante. Un autre citoyen viendra appuyer sa déclaration en pointant du doigt les responsables. «Cela fait plus de sept ans que nous attendons une solution. Tous les immeubles de ce quartier sont en danger», affirme-t-il. L'effondrement de cet immeuble est dû aux intempéries qui ont touché depuis deux jours la capitale. Pour rappel cet immeuble vétuste a été classé dans la catégorie rouge après les inondations de 2001. Il date, ainsi que les bâtiments qui le jouxtent, de la période coloniale. Tout l'îlot est en fait à inclure dans la catégorie des bâtiments précaires dont la restauration est plus que nécessaire pour la sécurité des habitants. Pourtant, malgré l'urgence de la situation, aucune démarche n'a été entreprise par les responsables. Aujourd'hui, les habitants de Jean Jaurès sont unis et décidés à arracher leur droit au relogement. «On en a ras-le-bol ! Il faut une solution. Nous sommes tous menacés», nous confiera un citoyen. A l'heure où nous quittons les lieux, l'immeuble menace de s'effondrer complètement sous les yeux des citoyens de Bab El Oued, frappés par un nouveau malheur. W. S.