Le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, estime que les différends apparus entre les pays membres de l'Union du Maghreb arabe (UMA) ne sont pas de nature à remettre en cause la construction de l'ensemble maghrébin. « Cet espoir (la construction du Grand Maghreb uni, Ndlr) ne peut (...) disparaître par le fait de difficultés conjoncturelles. La construction de cet édifice nécessite beaucoup de patience et surtout beaucoup de persévérance. C'est ce que fait l'Algérie », a-t-il déclaré dans un entretien accordé, jeudi dernier, au quotidien L'Expression. Abdelaziz Belkhadem a fait savoir par ailleurs qu'« il n'y a pas de raison, du point de vue algérien, que la construction de l'UMA soit compromise par un quelconque problème ». Cela pas même, a-t-il fait entendre, par le conflit du Sahara-Occidental. Une question sur laquelle, a rappelé M. Belkhadem, « nous avons exprimé très clairement à nos frères marocains, aux Américains et à l'ONU qu'elle demeurait un problème de décolonisation et qu'il n'était pas question de déplacer le débat hors de la légitimité internationale, parce que la charte des Nations unies consacre le droit des peuples à l'autodétermination ». Au sujet des relations algéro-marocaines, le ministre des Affaires étrangères a réaffirmé le souhait de l'Algérie de se rapprocher de son voisin marocain. A ce propos, il a indiqué que le gouvernement algérien était « en train d'œuvrer dans le sens d'un raffermissement de nos relations avec le Maroc (...) ». Et d'ajouter : « Le jour où les deux commissions termineront leur travail et proposeront des solutions aux problèmes pendants, alors là nous verrons de près la question des visas, celle des frontières et tout le reste. » A la question de savoir si la levée du visa imposée aux Algériens par les autorités marocaines pouvait être interprétée comme un geste allant dans le sens d'une normalisation des relations entre les deux pays, M. Belkhadem, rappelant la genèse de l'histoire, a expliqué que « le Maroc a décidé d'instaurer des visas unilatéralement suite aux évènements de Marrakech dont il a fait très malencontreusement porter la responsabilité à l'Algérie, alors que nous vivions une période très difficile ». Ensuite, a-t-il poursuivi, « quand ils se sont aperçus que leurs accusations étaient fausses et tendancieuses, les Marocains ont continué à maintenir le visa et puis, soudainement, à l'occasion du discours du Trône, c'est le roi lui-même qui décide de la levée unilatérale du visa instauré unilatéralement ». Au plan maghrébin, il a rendu compte d'une évolution qualitative dans la position du Maroc qui « depuis l'an 2000, quand l'Algérie a repris l'activité intermaghrébine pour réunir les Maghrébins, est revenu à l'UMA et, depuis, il participe à toutes les réunions y afférentes ». S'agissant des autres conflits qui minent l'UMA, à l'exemple du problème opposant la Mauritanie à la Libye ayant conduit Mouammar Kadhafi à renoncer à la présidence de l'UMA, le chef de la diplomatie algérienne a révélé que le guide libyen « est revenu sur sa décision ». M. Belkhadem soulignera néanmoins que « c'est un paramètre qui n'affecte en rien le processus ». « L'UMA sera un projet réel. Nous sommes optimistes », a-t-il insisté.