Naguib Sawiris, patron du groupe Orascom Telecom Holding (OTH), ne s'encombre plus de mots pour critiquer le climat des affaires en Algérie. « Il y a un vrai changement de climat en Algérie où les investissements étrangers ne sont plus les bienvenus », a-t-il affirmé, jeudi dernier, dans un entretien accordé au quotidien économique français la Tribune. Au début de sa réussite fulgurante en Algérie, à travers sa filiale locale Orascom Telecom Algérie (OTA), Sawiris s'est gardé de tout reproche à l'égard des autorités algériennes. Lui qui a bénéficié de largesses incontestables et de conditions plus que favorables. Sauf que la vente en catimini de deux cimenteries, propriétés d'OTH, au groupe français Lafarge, avait suscité le courroux d'Alger. Les autorités algériennes avaient ainsi mis en place une batterie de mesures dans l'optique de recadrer les investissements étrangers. Aussitôt, les difficultés s'amoncellent : rapatriement à l'étranger de seulement 50% des 580 millions de dollars de dividendes issues des bénéfices réalisés en 2008 et une histoire de redressement fiscale de 600 millions de dollars. Cette dernière mesure est toujours contestée par Sawiris. « C'est dommage, car nous avons apporté de la technologie et des emplois », a-t-il encore déploré. Ceci étant, il a rappelé qu'il n'était nullement en son intention de quitter le marché des télécoms algérien. « Nous n'avons aucune intention de sortir du pays. Nous avions déjà subi une campagne médiatique féroce en 2003, nous avons survécu », insiste-t-il, en reconnaissant, dans la fouée, l'intérêt exprimé par le passé du groupe français Vivendi afin d'avoir Djezzy dans son escarcelle. « Vivendi a déjà manifesté son intérêt par le passé, tout comme des hommes d'affaires algériens. Djezzy n'est pas à vendre (…) Nous sommes fiers de Djezzy, c'est une des plus belles succès stories d'Orascom et de l'Algérie », explique-t-il. En s'agrippant à sa boîte algérienne, le magnat des télécoms égyptien dispose entre les mains d'une véritable poule aux œufs d'or : un chiffre d'affaires supérieur à 2 milliards de dollars et un bénéfice net de 580 millions de dollars en 2008. En sus des difficultés avec les autorités algériennes, la filiale algérienne d'OTH a été la cible d'actes de vandalisme, au lendemain du match opposant l'Algérie et l'Egypte au Cairo Stadium. Plusieurs agences ont été saccagées et les pertes sont estimées à 5 millions de dollars. Des milliers d'internautes ont appelé au boycott des puces Djezzy. Orascom reste par ailleurs intéressé par un rapprochement avec Bouygues Telecom. Naguib Sawiris souligne, dans le même entretien qu'une opération en ce genre va créer « beaucoup de synergies ».