C'est un coup de force qu'a réussi là le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, Cherif Rahmani. En effet, pas moins de 41 ministres africains ont répondu à l'invitation d'Alger qui consistait à tenir un sommet africain sur l'environnement. L'Afrique, continent troublé par des régimes autoritaires et bousculé par des conflits régionaux, s'est enfin entendue pour s'affirmer sur l'échiquier environnemental. Les 41 ministres et les représentants d'organisations et institutions internationales et régionales ont affirmé jeudi, dernier jour de la conférence africaine des ministres de l'environnement, la « nécessité d'accompagner et d'aider les pays africains dans le cadre d'un partenariat permanent qui repose sur le principe gagnant-gagnant », rapporte l'Agence de presse algérienne. Rejoint par le ministre français de l'environnement, Jean-Louis Borloo, pays présidant l'Union européenne, et son homologue tchèque, la conférence s'est vue renforcée par la volonté affichée d'aboutir à une entente constructive quant à la nécessaire réduction des gaz à effet de serre. Cherif Rahmani soutient, à ce titre, qu'il appartient aux pays pollueurs d'apporter un soutien direct à l'endroit des pays pauvres qui subissent les changements climatiques. Le ton est ainsi donné. Il ne reste qu'à déterminer dans quelle mesure les pays émetteurs de gaz à effet de serre pourront contribuer à aider l'Afrique à « concevoir une nouvelle économie dans le cadre du développement durable ». Car jusqu'ici, la plate-forme d'Alger n'a pour effet que d'asseoir les attentes des pays africains. L'entente africaine Revêt-elle un caractère juridique lui conférant une force de loi ? Lie-t-elle l'ensemble des pays africains de façon dépendante ? Quelle part de souveraineté conserve l'Algérie dans ses négociations ? Aucun élément de réponse ne permet de trancher ces interrogations. Pour l'heure, et ce qui paraissait important lors de ces deux journées, résidait dans l'impact produit dans le monde par l'entente africaine. Une entente qui servira de référence de base aux négociations de l'Afrique lors des rencontres de Pologne et du Danemark, prévues en 2009. Dans ses grandes lignes, la Déclaration d'Alger appelle « les pays développés à respecter leurs engagements contenus dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et le protocole de Kyoto et à poursuivre leur concrétisation en matière d'aide au développement et de transfert de technologies (...) la crise financière actuelle ne devant en aucun cas limiter leur action ». Mais il est également stipulé à l'endroit des organismes financiers, notamment le Fonds pour l'environnement mondial, à poursuivre les réformes et allouer plus de ressources financières en vue de permettre aux pays africains de faire face à leurs contraintes, particulièrement en matière d'adaptation aux changements climatiques. Les préoccupations autour de la désertification, de la sécheresse, de la déforestation doivent être prises en compte puisque ces phénomènes constituent des fléaux contre lesquels une bataille sans merci est menée par l'ensemble du continent. Ne reste aujourd'hui aux pays pollueurs qu'à intégrer ce nouveau partenaire qui a donné la mesure de ce qu'il attendait.