L'infection à l'Helicobacter pylori touche une proportion importante de la population algérienne. Selon le Pr Touchene, le taux avoisine 90% des Algériens adultes, ce qui place l'Algérie parmi les pays les plus infectés par cette bactérie. Les enfants ne sont pas aussi épargnés. « Lorsque tous les tests diagnostics sont utilisés, le taux d'infestation est déjà de 51% à l'âge de 2 ans, prouvant que, chez nous comme dans les autres pays en développement, l'infection s'acquiert massivement surtout lors des premières années de la vie », explique notre interlocuteur. D'après le Pr Touchene, tous les tests diagnostics de l'infection à Helicobacter pylori les plus utilisés de part le monde comme l'histologie, le test respiratoire à l'urée marquée au C13, le test rapide à l'uréase, la sérologie, la culture et la recherche des antigènes dans les selles sont aujourd'hui bien maîtrisés au laboratoire de recherche. « Leur fiabilité est aujourd'hui bien évaluée, et la place de chacun de ces tests a été précisée aussi bien à l'étape du diagnostic de l'infection qu'à celle du contrôle de l'éradication du germe après traitement », a-t-il indiqué, en soulignant que le test le plus fiable (fiabilité de l'ordre de 100%), le plus pratique et le mieux accepté par les patients est sans conteste le test respiratoire : « Malheureusement, il est très peu disponible sur le territoire national et, à ce jour, il n'est utilisé par notre équipe que dans le cadre de la recherche. A la lumière de nos travaux, en pratique quotidienne, la meilleure façon de poser le diagnostic de l'infection et de s'assurer de son éradication après traitement, consiste, pour les praticiens, à réaliser une endoscopie digestive et à prélever des biopsies gastriques pour deux tests diagnostics associés, à savoir l'examen histologique et le test rapide à l'uréase. L'association de ces deux tests, réalisables sur tout le territoire national, permet d'avoir une excellente fiabilité diagnostique ». Pour le Pr Touchene, la résistance moyenne des souches du germe vis-à-vis des traitements administrés (métronidazole et clarithromycine, deux antibiotiques les plus utilisés) est élevée et atteint respectivement les taux de 41% et 13%. La résistance des souches algériennes du germe aux antibiotiques, élément clé de l'efficacité du traitement anti H. pylori, a montré que la résistance moyenne vis-à-vis du métronidazole et de la clarithromycine, deux des antibiotiques majeurs parmi les plus utilisés au cours de cette infection, est élevée, atteignant respectivement les taux de 41% et 13%. « Ce taux est resté stable dans le temps pour le métronidazole, mais fait essentiel, il était de 6% en 2002 pour la clarithromycine et s'est élevé rapidement pour atteindre les 16% en 2008 », a-t-il souligné. Cette progression trouve son explication, a ajouté le Pr Touchene, dans le fait d'une utilisation abusive et anarchique des macrolides. « Elle a surtout pour conséquence néfaste de réduire considérablement les possibilités thérapeutiques contre la bactérie interdisant même à terme l'utilisation de ces médicaments. Cette réalité inquiétante, constatée dans la plupart des pays, surtout ceux du Sud, interpelle les praticiens mais également les autorités publiques pour qu'elles mettent sur le marché national les médicaments peu coûteux et dont l'efficacité anti H. pylori a été bien établie par des études dans d'autres pays, ce qui élargira sérieusement les possibilités d'éradication du germe », a-t-il recommandé. Il signale que 90 enfants infectés par le germe ont été traités par un régime associant oméprazole, métronidazole et amoxicilline. « Avec l'utilisation de doses élevées de métronidazole, doubles par rapport aux doses usuelles, le taux d'éradication de la bactérie a été exceptionnellement bon, de l'ordre de 89%, et la tolérance bonne. 272 patients adultes infectés par le germe H. pylori et présentant une gastrite ou un ulcère duodénal ont été également traités de façon contrôlée par 5 régimes thérapeutiques. » Le but de cette étude est de connaître le meilleur régime thérapeutique à proposer en Algérie pour éradiquer la bactérie. « Toutes ces données ont été établies pour la première fois en Algérie par notre laboratoire de recherche et sont le fruit de nos propres travaux », a-t-il précisé.