Les travaux de la première thèse pour l'obtention du grade de docteur en sciences médicales (DESM) portant sur le traitement thérapeutique pour l'éradication de l'Helicobacter pylori, un germe qui vit dans l'estomac et à l'origine de gastrites, d'ulcères et de certains cancers gastriques, ont été présentés hier à la faculté de médecine d'Alger par le docteur Nadia Matougui du service de médecine interne de l'hôpital de Kouba. Le jury a accordé la mention « très honorable avec les félicitations du jury ». Cette première étude, contrôlée et randomisée, jugée de haute qualité pédagogique et thérapeutique, a été lancée en 2002 sur un échantillon de 772 malades – les femmes sont prédominantes dans cet échantillon – dans le cadre du laboratoire de recherche. L'auteur de ces travaux de longue haleine et l'équipe de l'hôpital de Kouba peuvent s'en féliciter puisqu'un schéma thérapeutique est aujourd'hui établi pour traiter les malades algériens. Après avoir signalé que l'affection par ce germe touche 91% de la population algéroise, le Dr Matougui a précisé que l'objectif de cette thèse est d'évaluer l'efficacité de cinq régimes thérapeutiques de première ligne dans l'éradication de l'Helicobacter pylori. Cette étude prospective randomisée a démontré que les malades présentaient une gastrite dans tous les cas. Après avoir indiqué la méthode, les tests utilisés pour le diagnostic (histologie, test respiratoire à l'urée marquée au C13, test rapide à uréase, sérologie), le Dr Matougui a mentionné les différents schémas thérapeutiques sur lesquels elle et son équipe ont travaillé. « Nous sommes partis sur les schémas thérapeutiques les plus réputés dans le monde et nous avons conclu que le schéma le mieux adapté aux malades concernés dans l'étude est la trithérapie (oméparazole, amoxiciline et métronidazole) à dose élevée », nous a-t-elle précisé. La résistance très élevée des souches algériennes du germe aux antibiotiques, élément clé de l'efficacité du traitement anti -Hélicobacter pylori, a été démontrée par le Dr Matougui, en particulier vis-à-vis de la clarithromycine qui a atteint des niveaux interdisant sa prescription dans ce cas. Ce qui pousse ainsi l'auteur de l'étude à recommander un traitement basé sur la trithérapie durant 10 jours, à dose élevée de métronidazole, au lieu de 7 jours comme cela se fait actuellement. Le Dr Matougui a signalé que les principaux facteurs d'échec du traitement sont la mauvaise observance et la résistance aux antibiotiques. En conclusion, elle a insisté sur la nécessité d'approvisionner le marché algérien en médicaments tels que le bismuth et la furazolidone, qui sont peu coûteux, efficaces et ne développent aucune résistance. Pour le directeur de thèse, le professeur Touchène, ce travail exceptionnel constitue aujourd'hui une base scientifique pour traiter les malades algériens.