Tizi Ouzou. De notre bureau La Méditerranée est sérieusement menacée par la pollution industrielle. Faisant état d'un taux de 35% du trafic pétrolier mondial transitant par la grande bleue et l'implantation d'une soixantaine de centres nucléaires, lors des journées de sensibilisation sur la préservation des ressources halieutiques qui ont eu lieu lundi et mardi derniers à Tigzirt, le professeur Smaïl Belhadji, de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et membre de l'AJIE (Association jeunesse innovation et environnement) a tiré la sonnette d'alarme sur la multiplication des facteurs polluants à travers ces eaux qui ne représentent, pourtant, que 0,8% du total d'océans et mers de la planète. Ce sont, donc, 500 millions de tonnes d'hydrocarbures et 400 000 tonnes de produits chimiques qui traversent annuellement la Méditerranée. La pollution urbaine a aussi atteint des proportions importantes sachant que les pays riverains y déversent chaque année plus de 21 millions de tonnes de déchets non traités, entre déchets urbains et eaux usées, a fait savoir le professeur Belhadji tout en précisant que la pollution qui menace la Méditerranée est à 80% d'origine terrestre. Outre la pression démographique, il faut noter que les villes côtières accueillent annuellement plus de 700 millions de touristes, ce qui ne fait qu'aggraver la situation en conséquence. Pour ce qui est des côtes algériennes, le professeur fera état de quelque 650 000 m3 d'eaux usées déversés dans la mer quotidiennement par plus de 300 points de rejet recensés le long du littoral algérien. Des déchets solides (métaux, verre) sont aussi jetés inconsciemment en mer. Concernant les déchets industriels, il dira : « ce sont plutôt les petites fabriques et les PME qui se rendent coupables de ce genre de dépassements, contrairement aux grands complexes industriels qui font preuve de respect des normes environnementales. » Le phénomène de pillage de sable, lui, menace 85% des plages algériennes à tel point qu'elles rétrécissent en moyenne de 0,3 à 10,4 mètres annuellement. Il est toutefois regrettable que la côte algérienne continue de subir autant d'agressions, émanant des collectivités ou des citoyens, bien que le cadre juridique pour la lutte contre la pollution et la préservation de l'environnement existe bel et bien. Devant ce constat, combien alarmant, le professeur appellera à une prise de conscience sérieuse et à la mise en place de moyens de lutte contre la pollution sous toutes ses formes. Pour le professeur Belhadji, les pays de la rive nord, eux aussi, favorisent cette pollution à un degré élevé. Preuve en est l'empressement du président français, Nicolas Sarkozy, à inscrire comme priorité le projet d'envergure visant la dépollution de la mer Méditerranée, lors du sommet de lancement officiel de l'UPM (Union pour la Méditerranée), qui s'est tenu le 13 juillet dernier à Paris.