C'est certainement l'autre volet du plan de règlement de la guerre en Irak dans sa version la plus inattendue, c'est-à-dire la résistance d'abord anti-américaine mais qui prend pour cible tous Irakiens qui travaillent pour ou avec la coalition. Les nouveaux dirigeants irakiens le savent et ont même pu constater à quel point leur choix pouvait être périlleux. C'est certainement pour cette raison, et parce que la manière forte envisagée par le Premier ministre irakien risque de prolonger le face-à-face, qu'une amnistie pour les Irakiens, qui ont combattu les forces de la coalition mais qui sont prêts à rendre les armes, devrait être annoncée « dans les deux jours », a déclaré le président irakien Ghazi al Yaouar, dans un entretien publié hier par le Financial Times. « Nous offrons une amnistie aux gens qui n'ont pas commis trop d'actes affreux, pour tout le monde à l'exception des meurtriers, violeurs et kidnappeurs », a-t-il expliqué. Il s'est dit prêt à reprendre le dialogue avec l'imam chiite radical Moqtada Sadr s'il dépose les armes et envoie un avocat pour répondre à la justice concernant la mort du dignitaire chiite Abdel Majid al Khoï en avril 2003. Cet imam a pour ainsi dire mis fin à sa guerre et montré à quel point ses combattants pouvaient faire autre chose que la guerre. Il envisage aussi d'entrer en politique à l'approche des élections générales prévues en janvier prochain, mais il n'est pas sûr de pouvoir y prendre part. Les Etats-Unis souhaitent que M. Sadr réponde à la justice en personne, mais le président irakien a estimé que l'affaire pouvait être traitée « d'une manière qui préserve sa dignité ». Il reste que la question de la sécurité est bien trop vaste et montrait à quel point il était difficile, voire impossible pour les autorités actuelles d'y faire face. A cet égard, le sort de trois chauffeurs de camion, deux Bulgares et un Philippin, pris en otages en Irak, reste incertain, alors que les ultimatums lancés par leurs ravisseurs qui menacent de les tuer ont expiré et que ceux-ci restent muets. Et puis, il y a tous ces risques auxquels même la population irakienne est exposée et qui ajoutent à l'insécurité. Comme à Baghdad où des accrochages ont opposé dans la nuit de dimanche à lundi des soldats américains à des résistants. Ou encore l'assassinat hier près de Bassorah, le Sud chiite, d'un religieux sunnite. Cheikh Abdel Majid Kanaï est membre du Comité des oulémas musulmans, animé par des religieux sunnites et considéré comme la plus importante association de cette communauté religieuse d'Irak, où les chiites sont majoritaires. Un de ses frères a estimé que l'insécurité qui règne dans la ville a facilité l'attentat, qui a provoqué de vives réactions à Bassorah, capitale méridionale de l'Irak. L'attaque a été dénoncée par un religieux chiite, cheikh Ammar Chétili qui a estimé qu'elle était destinée à susciter des « problèmes entre les chiites et les sunnites ». Bien entendu, l'on n'exclut pas la provocation dont la conséquence est redoutée non seulement par les Irakiens, mais aussi par les pays voisins.