Le film « Bar El Chino » de l'Argentin Daniel Burak a inauguré, samedi, le cycle du cinéma « en espagnol » (les films proposés étant en majorité produits en Amérique latine) qu'abrite, jusqu'au 4 décembre, la salle répertoire d'Oran de la cinémathèque algérienne sous l'initiative de l'Institut Cervantès. La médaille de mérite revient, dit-on, à l'Argentine qui, malgré la grave crise financière qui a secoué ce pays il y a quelques années déjà, continue de faire des films et c'est justement le thème de la première œuvre proposée qui met en scène cette difficulté. Mais plus encore car, au-delà du judicieux procédé de mise en abîme, c'est d'une prise de position et d'un retour symbolique vers les valeurs fondatrices de la société qu'il s'agit en fin de compte. En effet, le film met en scène les péripéties d'une équipe de réalisation (où se mêlent ancienne et nouvelle génération) en prise entre un travail rémunérateur pour la publicité et un documentaire sur un lieu de mémoire, le Bar El Chino qui conjugue art de vivre à Buenos Aires et la musique et danse tango (qui véhicule toute une culture chère à l'écrivain Borges). Les oppositions sont explicites. Le mensonge de la publicité s'oppose aux valeurs authentiques de la cité. Mais ces valeurs semblent être oubliées. Le film s'ouvre sur cette tirade significative : « Emmenez-nous au bar El Chino », demande les jeunes reporters au chauffeur de taxi qui répond : « Je n'ai aucune idée de l'endroit où il se trouve. » Tout le film tente de remettre au goût du jour cette culture oubliée très vite car effacée par un capitalisme sauvage qui promettait monts et merveilles avant de s'effondrer, entraînant dans sa chute les rêves des citoyens qui ont cru au miracle. Le réalisateur Daniel Burak, né en 1958, est d'abord un réalisateur de la télévision qui a également travaillé en Espagne, un pays évoqué dans son film. Après « Cautiva » de Gaston Biraben, aujourd'hui lundi, c'est le film Monobloc de Luis Ortega qui sera projeté. Avec « Sumas y restas » de Victor Garivia prévu mardi, ces films sont sous-titrés en arabe à l'exception de « Parapalos » de Ana Pollak qui est sous-titré en anglais.